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Hollywood taxe le rêve : Trump secoue l’industrie du cinéma au Maroc

Par Fayçal El Amrani


Le Maroc, perle du tournage international et pilier discret des superproductions hollywoodiennes, voit planer une ombre inattendue sur ses studios et ses décors légendaires.

La décision du président américain Donald Trump d’imposer une taxe de 100% sur les films produits à l’étranger pour leur diffusion aux États-Unis vient rebattre les cartes d’un secteur déjà fragile. À Ouarzazate comme à Casablanca, le monde du cinéma retient son souffle.

Le Maroc, décor de l’Amérique

Avec plus de 1,1 milliard de dirhams investis en 2023 par des productions étrangères, selon le Centre cinématographique marocain (CCM), le Royaume a vu défiler caméras et équipes venues du monde entier. De Gladiator à Game of Thrones, les studios d’Atlas à Ouarzazate sont devenus une référence mondiale, dopés par les décors naturels et la main-d’œuvre qualifiée à coût réduit.

Mais le coup de tonnerre venu de Washington pourrait faire dérailler cette dynamique. La taxe, annoncée ce dimanche par Trump, vise à « relocaliser la production cinématographique » aux États-Unis. Dans les coulisses marocaines, les professionnels oscillent entre sidération et prudence.

Des opérateurs dans le flou, une économie en alerte

Le silence du ministère de la Culture alimente l’inquiétude. Aucune directive officielle n’a encore été adressée aux producteurs marocains. Pourtant, les premières victimes potentielles sont bien identifiées. Les sociétés de production exécutive, les fixeurs, les techniciens, les régisseurs ou encore les logisticiens sont directement concernés. Toutes ces professions gravitent autour des grandes productions étrangères, en particulier américaines.

En 2023, seuls trois projets hollywoodiens ont été tournés au Maroc : Testament Moses, Dirty Angels et Good News. Leur poids économique reste néanmoins significatif. La même année, cinq projets américains ont bénéficié de l’aide directe du fonds de soutien marocain, qui s’est élevé à 109 millions de dirhams.

Le Maroc entre incertitude et stratégies d’adaptation

Du côté des professionnels marocains, l’heure est à la réflexion et à l’ouverture vers d’autres horizons. Plusieurs voix du secteur évoquent aujourd’hui la nécessité de renforcer les partenariats avec les producteurs européens, asiatiques et africains afin de ne pas rester dépendants des grandes majors américaines.

En parallèle, les producteurs misent toujours sur les incitations marocaines, qui restent très attractives. Si un réalisateur investit au moins 10 millions de dirhams hors taxes et tourne au Maroc durant au moins 18 jours, le pays rembourse entre 20 et 30 % de ses dépenses. Ce mécanisme constitue un levier important pour maintenir l’attractivité du Royaume malgré les secousses extérieures.

L’absence d’information claire sur l’application concrète de la taxe américaine laisse une marge d’interprétation. La réalisatrice Khadija Alami, installée entre Marrakech et Los Angeles, le résume en ces mots : « Tant que les détails ne sont pas communiqués, le secteur reste dans une zone grise. »

Un secteur qui pèse dans l’économie culturelle

Le CCM a délivré en 2023 pas moins de 730 autorisations de tournage à des productions étrangères, un chiffre supérieur à celui des tournages nationaux, qui s’élève à 564. Cela confirme le rôle stratégique du Maroc dans l’économie mondiale du cinéma, bien au-delà des simples retombées touristiques.

 

Alors que les syndicats américains cherchent à comprendre la portée exacte de cette nouvelle taxe et que certaines majors voient déjà leur action chuter à Wall Street, le Maroc joue une carte risquée mais déterminante. Le Royaume pourrait bien s’imposer comme un hub ouvert et expérimenté pour les tournages internationaux en quête d’alternatives.


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