Guerre en Syrie : Rétrospection d’une guerre interminable
Par Mohamed Zilaoui
La Syrie est, avec le Liban, le dernier pays limitrophe avec Israël à ne pas signer des accords de paix. Elle garde un statu quo issu de la guerre d’octobre 1973 avec l’entité sioniste. Elle soutient activement le Hizboallah libanais et les mouvements palestiniens de résistance dont le Hamas.
Par sa situation géographique, elle est au cœur d’un carrefour des influences du jeu politique international, entre d’un côté les États-Unis et leurs alliés dans la région et l’Iran, la Russie et la Chine qui veulent préserver un partenariat stratégique et unique dans la région.
La Syrie subit de plein fouet la vague du printemps arabe qui avant de la frapper a touché diverses républiques du monde arabe (Tunisie, Egypte, Libye, Yémen, Etc.)
Comment le conflit syrien s’est déclenché ? et comment a-t-il évolué au fil du temps ?
I- Le déclenchement de la guerre en Syrie (mars 2011-septembre 2012) :
La Syrie pendant de longs mois est restée à la marge de ce qui se déroule dans le monde arabe. Effectivement, les appels aux manifestations durant les premiers mois après l’affaire de Bouazizi et la chute du régime Benali n’ont pas eu d’effet à l’intérieur de la Syrie.
En Egypte, la révolte a été plus grande et plus sérieuse.
Nous verrons grâce à une rapide comparaison, les différences notables entre l’Egypte et la Syrie.
Des accidents sécuritaires avec des voitures piégées et des attentats ont secoués le pays durant cette première année du conflit. Le 18 Juillet 2012, une faille sécuritaire dans le Q.G de la défense nationale syrienne permit l’élimination de toute l’ossature sécuritaire de la Syrie. La militarisation du conflit à large échelle s’en suit presque simultanément avec une partie de la population séduite par les slogans de liberté et l’effet Domino qui voyait comme une fatalité la chute du régime du Baath. Après cet attentat, la Syrie subit une attaque de grande envergure du Nord et du Sud.
L’explication de la préservation de l’Etat syrien est le soutien d’une grande partie de la population surtout qu’il s’érige en défenseur de la grande nation arabe (la Palestine en tête) et tient tête à l’hégémonie des États-Unis et ses satellites (Israël et les pays sous son giron).
II- Militarisation à grande échelle et enlisement du conflit syrien (Juillet 2012 jusqu’à septembre 2015)
Après l’attentat de l’appareil sécuritaire, le conflit s’est largement militarisé et intensifié dans beaucoup de zones à la frontière. C’est à partir de ce moment-là qu’on a vu une invasion des groupes armés des zones frontalières vers l’intérieur du pays. Il y avait aussi des appels des chaines internationales à la rébellion et à la défection.
Durant cette période, le gouvernement syrien était au plus mal à cause du revirement de certains hommes politiques et des hauts gradés de l’armée qui ont suivi ces appels récurrents à la révolution et à la défection contre le pouvoir de Bachar Alassad comme celle du premier ministre syrien en pleine bataille dans les grandes villes et même à l’intérieur de la capitale. Durant cette phase plusieurs villes vont tomber. La grande ville d’Alep tombera à moitié. Damas perdra presque toute sa périphérie sauf les artères routières.
À Homs, à Idlib de violents combats se déroulent pour le contrôle de ces villes. Toutefois les loyalistes réussissent à préserver ces grandes villes.
La guerre durant presque trois ans entrera dans un certain enlisement aucune des parties n’a pas pu prendre de manière décisive le contrôle de l’Etat. Au contraire cette situation fait émerger DAESH.
Au cours d’une deuxième bataille, l’Etat syrien perdra le contrôle de Idlib dans une seconde vague rebelle au cours de l’année 2015. Cette prise survient après l’armement des rebelles par des Missiles Tow capables de percer le blindage des chars et qui inverse le rapport de force. C’est un armement américain distribué aux groupes d’opposants en guerre contre le régime syrien. Cette intervention des Etats-Unis dans l’armement rebelle amène l’intervention et le déploiement des troupes Russes pour les contrecarrer. A partir du 30 septembre 2015, l’armée russe se déploie en soutien à l’armée syrienne.
III- L’entrée de la Russie et la prise d’ascendant du gouvernement syrien sur ses opposants (2015-2024)
Avec l’entrée du soutien russe, après celui des milices libanaises et des conseillers iraniens, l’armée syrienne s’empare progressivement des territoires perdus. D’un autre côté et en vue de combattre Daesh, les États-Unis apportent un soutien effectif aux Kurdes dans la région du Nord-est pour les combattre. Cette dernière réussit à prendre le contrôle des villes et villages importants face à Daesh.
L’armée syrienne également dans la partie sud sous le contrôle de Daesh et des autres groupes rebelles. Voyant l’augmentation de la puissance kurde dans sa frontière Sud et par peur d’un débordement ou d’une reprise du conflit Turco-kurde, la Turquie décide d’envahir le Nord de la Syrie. Ainsi, entre 2016 et 2019, plusieurs opérations d’envergure contre les milices et organisations kurdes. Les kurdes se retrouveront dès lors obligé de transmettre une large partie des territoires conquis à la frontière turque aux troupes de l’armée syrienne afin d’éviter le contact hostile de l’armée turque.
L’arrivée des russes et l’intervention turque qui s’empara d’une grande partie au Nord amena une certaine redistribution des cartes. Les offensives de l’armée loyaliste grignotèrent petit à petit les zones sous contrôle rebelle. L’Etat reconquiert l’intégralité de Damas, du sud et de l’ouest de la Syrie, les zones désertiques face à Daesh et un large territoire (toute la province de Hama et une grande partie de la province de Idlib)
La seule grande ville qui lui échappe toujours actuellement est la ville d’Idlib, capitale de la province du même nom et proche de la frontière turque et fort de son soutien. Notons que suite à la lutte contre DAESH, les Etats-Unis ont pris position dans les zones kurdes surtout à côté de la frontière irakienne et dans la petite ville de Tanf à côté de la frontière jordanienne. La Syrie, bien que le pouvoir en place ait pris la majorité du territoire, certaines zones sont toujours sous le contrôle turc, américain, kurde ou rebelle (Idlib et sa région nord).