France-Algérie : Quand l’essentiel n’est plus négociable

L’actualité diplomatique entre la France et l’Algérie vient de connaître un tournant décisif. Après huit mois de tensions ouvertes, Alger a fini par accepter la reprise des relations bilatérales avec Paris, sans que la France ne revienne sur sa reconnaissance de la marocanité du Sahara. Cette acceptation, discrète mais incontestable, constitue un revers diplomatique majeur pour le régime algérien, qui s’était jusque-là opposé frontalement à cette reconnaissance.
Depuis la lettre d’Emmanuel Macron adressée au roi Mohammed VI en juillet 2024, affirmant que le plan d’autonomie marocain représente la seule base sérieuse et crédible pour régler le conflit du Sahara, Alger avait réagi avec véhémence en rappelant son ambassadeur et en gelant plusieurs coopérations. Mais le 31 mars 2025, à la faveur d’un entretien téléphonique entre les deux chefs d’État, l’Algérie s’est engagée à relancer l’ensemble des coopérations sécuritaire, migratoire, judiciaire et économique avec la France, sans obtenir la moindre concession sur le dossier saharien.
L’absence totale du sujet du Sahara dans le communiqué commun n’est pas un oubli, mais bien un choix politique. Après avoir fait de cette question une priorité nationale durant des décennies, Alger semble désormais vouloir l’écarter du cadre de ses discussions bilatérales avec la France. Le président Tebboune l’a d’ailleurs admis indirectement quelques jours plus tôt, en affirmant que cette question “ne dérange pas” l’Algérie mais concerne exclusivement les Nations Unies. Pour une cause qui a longtemps été érigée en symbole de la politique étrangère algérienne, cet effacement est lourd de sens.
Dans cette reprise du dialogue, l’Algérie a également accepté de remettre en route la coopération migratoire selon les termes fixés par Paris, notamment sur la question sensible des expulsions de ressortissants algériens en situation irrégulière. Autre point abordé, la situation de l’écrivain Boualem Sansal, dont le président français a appelé personnellement à un traitement humain, en raison de son âge et de son état de santé. Cette intervention de Macron a été bien accueillie, mais elle ne masque pas l’essentiel du dossier : la question du Sahara n’a pas été rouvert par Alger et la France n’a pas modifié sa position.
Cette normalisation s’inscrit dans une tendance déjà observée avec d’autres partenaires. Avant Paris, Madrid avait essuyé les mêmes critiques d’Alger après avoir soutenu le plan marocain, avant que l’Algérie ne revienne progressivement à la table du dialogue sans obtenir la moindre révision de cette position espagnole. Aujourd’hui, c’est avec la France que l’Algérie suit le même chemin, dans un contexte où les soutiens au Maroc se multiplient : États-Unis, Espagne, pays du Golfe, et plusieurs pays africains.
La diplomatie marocaine, soutenue par une vision claire et la fermeté du roi Mohammed VI, voit donc sa stratégie confortée. Non seulement la souveraineté du Royaume sur son Sahara est désormais actée par les principales capitales occidentales, mais l’Algérie elle-même ne parvient plus à en faire un sujet de blocage. Le rapport de force a changé.
Sans renier ses principes, la France s’impose comme un acteur lucide, qui n’ignore pas l’importance de la stabilité régionale et du rôle stratégique du Maroc. L’Algérie, malgré ses discours, a dû accepter cette réalité et reprendre le dialogue. Cette évolution marque une nouvelle étape dans l’affirmation de la souveraineté du Royaume et dans le repositionnement des équilibres régionaux, où le Maroc apparaît désormais comme un partenaire incontournable et respecté.