Fouzi Lekjaa, l’Architecte du Football Marocain : Une Réélection pour Conduire la CAN 2025 Vers l’Excellence

Par Sanae El Amrani
Un leadership confirmé pour un moment historique
Fouzi Lekjaa a été réélu le 12 mars 2025 en tant que représentant de la Confédération Africaine de Football (CAF) au Conseil de la FIFA, consolidant ainsi son influence au sein des instances dirigeantes du football mondial. À la tête de la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF) depuis 2014, il poursuit un mandat renouvelé en mai 2022, ce qui lui permet d’assurer la continuité des grands chantiers du football marocain.
Cette double réélection, qui intervient à quelques mois seulement du coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) fin 2025, symbolise la continuité d’un projet ambitieux pour le football marocain. Mais elle marque aussi un tournant stratégique, alors que le Maroc doit prouver sa capacité à organiser un tournoi d’envergure mondiale tout en consolidant son influence dans les hautes sphères du football international.
Depuis son accession à la FRMF, Fouzi Lekjaa s’est imposé comme le grand architecte du renouveau du football marocain. Son action a permis de structurer les compétitions nationales, moderniser les infrastructures et positionner le Maroc comme une puissance montante du football africain et mondial. Mais cette réélection ne lui laisse aucun répit. Il doit désormais piloter la dernière ligne droite des préparatifs de la CAN 2025, tout en veillant à ce que le Maroc maintienne son statut d’organisateur modèle en vue de la Coupe du Monde 2030, dont il sera co-hôte avec l’Espagne et le Portugal.
Le vote du 12 mars 2025, qui lui a permis de conserver son siège au Conseil de la FIFA avec 49 voix sur 52, confirme sa stature et son influence. Il est aujourd’hui l’un des hommes les plus puissants du football africain. Pourtant, cette réélection intervient dans un contexte où les attentes sont immenses et où les critiques persistent. Entre enjeux infrastructurels, pression sportive et diplomatie du football, Fouzi Lekjaa joue bien plus qu’un mandat : il engage l’image et l’avenir du Maroc dans le monde du football.
Un Maroc en chantier pour la CAN 2025 : entre modernisation et défis logistiques
L’organisation de la CAN 2025 est un défi colossal pour le Maroc. Le pays n’a plus accueilli cette compétition depuis 1988, et cette édition doit être l’une des plus abouties de l’histoire du tournoi. L’objectif est clair : offrir une organisation irréprochable, comparable aux grands événements internationaux, et prouver que le Maroc est prêt pour le Mondial 2030.
Pour cela, neuf stades ont été sélectionnés à travers six villes. Parmi eux, le Complexe Sportif Prince Moulay Abdellah à Rabat, qui accueillera le match d’ouverture et la finale, et le Grand Stade de Tanger, qui sera le théâtre d’une demi-finale. À Casablanca, le Stade Mohammed V (67 000 places) fera peau neuve pour les phases de groupes et les quarts de finale, tandis que Marrakech, Agadir et Fès accueilleront d’autres rencontres.
Mais le projet phare du Maroc reste le Grand Stade de Casablanca, en construction à Benslimane. Conçu pour accueillir la finale du Mondial 2030, ce stade futuriste est annoncé comme l’un des plus grands stades du monde, avec une capacité qui pourrait dépasser les 100 000 places, bien que le chiffre exact et la date de livraison doivent encore être officiellement confirmés.
Au-delà des infrastructures sportives, le Maroc a engagé un vaste chantier de modernisation des transports et de l’accueil des visiteurs. Le gouvernement a alloué près de 15 milliards de dirhams pour :
- Améliorer le réseau ferroviaire et routier afin de garantir des déplacements fluides entre les villes hôtes.
- Étendre les capacités des aéroports, avec une prévision de 35 millions de passagers annuels d’ici 2029.
- Multiplier les offres hôtelières et touristiques pour absorber l’afflux de supporters et de délégations.
Ces investissements visent à garantir une CAN impeccable, mais aussi à préparer le terrain pour 2030, où le Maroc devra gérer une organisation bien plus complexe avec le Mondial.
Une CAN à fort impact économique et diplomatique
Organiser la CAN 2025 ne se limite pas à un enjeu sportif : c’est aussi une opportunité économique majeure pour le Maroc. Les estimations prévoient des retombées financières de 2,2 milliards d’euros, avec 1,2 million de visiteurs étrangers attendus. Plus de 335 000 emplois directs et indirects devraient être créés, en particulier dans les secteurs du tourisme, du commerce et des services.
Mais l’impact va bien au-delà de l’économie. Le Maroc utilise le football comme un puissant levier diplomatique, consolidant son influence sur le continent africain. Sous la présidence de Lekjaa, la FRMF a multiplié les accords de coopération avec d’autres fédérations africaines, facilitant le développement d’un réseau de soutien au sein de la CAF et de la FIFA. L’objectif est clair : faire du Maroc un centre névralgique du football africain et mondial.
Cet événement sera également un baromètre de la capacité du Maroc à gérer de grands événements internationaux. Une CAN réussie conforterait le pays comme un organisateur fiable et efficace, lui permettant de renforcer sa position sur la scène du football international.

Un mandat sous haute pression : Lekjaa face aux attentes et aux critiques
Si cette réélection consacre Fouzi Lekjaa, elle s’accompagne d’une responsabilité énorme. Le succès de la CAN 2025 est une obligation, tant sur le plan organisationnel que sportif. À domicile, l’équipe nationale marocaine est attendue comme l’un des grands favoris. Après son épopée historique en Coupe du Monde 2022, où les Lions de l’Atlas sont devenus la première nation africaine et arabe à atteindre les demi-finales, une contre-performance serait un véritable échec.
Au-delà du terrain, les délais de livraison des infrastructures restent un sujet sensible. Le Maroc doit s’assurer que tous les stades et infrastructures logistiques soient prêts à temps, et éviter les erreurs qui ont entaché certaines éditions précédentes de la CAN dans d’autres pays. Les critiques sur la gestion financière et la transparence persistent également. Les investissements massifs suscitent des interrogations sur leur durabilité après la compétition et sur la rentabilité des projets lancés.
Ce mandat sera donc un test grandeur nature pour Lekjaa. Ses décisions et sa capacité à mener à bien ces projets seront scrutées avec attention, tant par les instances du football que par l’opinion publique.
Une CAN 2025 pour sceller l’ambition du Maroc
Avec cette réélection, Fouzi Lekjaa s’apprête à vivre l’un des moments les plus décisifs de sa carrière. Plus qu’un simple dirigeant, il est devenu l’architecte du football marocain, façonnant une vision qui va au-delà du terrain, mêlant stratégie sportive, diplomatie et développement économique.
La CAN 2025 ne sera pas qu’un tournoi : elle représentera l’aboutissement de dix ans de transformation du football marocain. Une réussite conforterait le Maroc comme une référence en Afrique et dans le monde, tandis qu’un échec pourrait remettre en cause des années d’efforts et d’investissements.
À travers cet événement, le Maroc joue bien plus qu’une simple compétition : il joue son rang dans le concert des grandes nations du football. Lekjaa devra prouver que sa réélection n’était pas qu’une formalité, mais bien le choix d’un leader capable de mener le Maroc vers son destin footballistique.