États-Unis – Chine : un accord inédit sur les terres rares
LA VÉRITÉ
Dans un contexte mondial marqué par la rivalité technologique et les tensions commerciales, les États-Unis et la Chine ont surpris la communauté internationale en annonçant un accord inédit sur le commerce des terres rares et des minéraux critiques.
La rencontre, tenue hier à Kuala Lumpur entre le président américain Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping, a abouti à la mise en place d’un cadre de coopération bilatéral visant à assurer la stabilité des échanges dans un secteur devenu vital pour les industries de pointe.
Un compromis rare entre deux puissances rivales
L’accord prévoit un rééquilibrage des politiques commerciales entre les deux pays. Washington s’est engagé à réduire une partie des droits de douane imposés sur les produits chinois, abaissant le taux global de 57 % à 47 %.
En contrepartie, Pékin a accepté de reporter d’un an ses restrictions à l’exportation de terres rares, permettant ainsi de maintenir un flux régulier de ces matériaux indispensables vers le marché américain.
Ce compromis, valable pour une durée initiale d’un an, devra être renégocié chaque année, signe que la méfiance mutuelle demeure malgré cette avancée. Les deux parties ont toutefois insisté sur le caractère « pragmatique » de cette entente, présentée comme une trêve stratégique plutôt qu’un traité définitif.
Des matériaux au cœur de la puissance technologique
Les terres rares un groupe de dix-sept métaux essentiels à la production de composants électroniques, de batteries, de systèmes de défense et de technologies vertes constituent un levier géopolitique majeur.
La Chine contrôle près de 70 % de la production mondiale et détient plus de 85 % des capacités de raffinage, ce qui lui confère une influence déterminante sur les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Pour les États-Unis, dépendants de ces ressources pour la fabrication de missiles, d’éoliennes, de véhicules électriques ou de semi-conducteurs, garantir l’accès à un approvisionnement stable est une question de sécurité nationale.
Ces dernières années, Washington a multiplié les initiatives pour diversifier ses sources, en soutenant notamment des projets d’exploitation en Australie, au Canada et en Afrique. Mais la dépendance à l’égard de la Chine reste structurelle.
Un accord à portée économique et symbolique
Selon les premières analyses, cet accord pourrait apaiser temporairement les tensions commerciales entre les deux puissances, sans toutefois les résoudre.
En réduisant les tarifs douaniers, les États-Unis cherchent à ralentir l’inflation industrielle et à soutenir leur filière technologique, fortement touchée par la hausse des coûts de production.
De son côté, la Chine y voit une opportunité de préserver son rôle de fournisseur clé tout en consolidant sa position de partenaire incontournable dans les secteurs de la transition énergétique.
Pour Li Qiang, expert en politique industrielle à l’Université de Pékin, cet accord « traduit un réalisme économique ».
« Les États-Unis savent qu’ils ne peuvent pas, à court terme, remplacer les capacités chinoises d’extraction et de raffinage. Pékin, de son côté, ne souhaite pas fragiliser ses exportations dans un contexte de ralentissement économique mondial », souligne-t-il.
Une trêve sous conditions
Malgré son ton conciliant, l’accord reste fragile. Les deux pays ont convenu de mettre en place un comité mixte de suivi, chargé d’évaluer chaque trimestre les volumes échangés et de prévenir toute rupture d’approvisionnement.
Toute violation des engagements pourra entraîner une révision immédiate des tarifs douaniers.
Par ailleurs, Washington a insisté sur la nécessité d’instaurer des garanties environnementales dans les chaînes de production chinoises, notamment sur la traçabilité et le recyclage des déchets miniers — un point que Pékin a accepté de « discuter ultérieurement ».
Cette prudence s’explique par les tensions persistantes dans le secteur technologique, notamment autour de l’accès des entreprises chinoises aux puces électroniques américaines et du contrôle des infrastructures numériques.
Vers un nouvel équilibre mondial des ressources critiques
Au-delà du duel sino-américain, cet accord envoie un signal fort aux autres acteurs du marché mondial. L’Union européenne, le Japon et l’Inde, qui cherchent eux aussi à sécuriser leurs approvisionnements, observent avec attention cette tentative de stabilisation.
Les analystes estiment qu’elle pourrait encourager la mise en place de nouveaux partenariats régionaux et accélérer les investissements dans le recyclage et la substitution des terres rares.
Pour Mark Peterson, chercheur au Center for Strategic and International Studies (CSIS) à Washington, « cet accord pourrait être un tournant s’il s’inscrit dans une logique de coopération technologique plutôt que de confrontation commerciale ».
Il rappelle toutefois que « tant que la Chine dominera la chaîne de valeur des minéraux critiques, aucun pays ne pourra ignorer son influence stratégique ».
Une année décisive à venir
Conclu pour une durée d’un an, l’accord entre les États-Unis et la Chine servira avant tout de test diplomatique. Si la coopération se maintient, elle pourrait ouvrir la voie à une restructuration durable du marché mondial des terres rares.
Mais en cas de rupture, les tensions pourraient ressurgir rapidement, avec des conséquences majeures sur les industries de la défense, de la mobilité électrique et de l’énergie propre.
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