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Énergie, Commerce, IA : Les recommandations clés du Forum parlementaire de Marrakech

Forum économique de Marrakech 2025 : Les parlements répondent aux urgences régionales

Par Mohammed Taoufiq Bennani


Au cœur des turbulences économiques, commerciales et énergétiques sans précédent qui redessinent la carte du monde, la ville ocre de Marrakech a accueilli un événement d’une importance capitale. Les 23 et 24 mai 2025, le 3ᵉ Forum parlementaire économique de Marrakech pour les régions euro-méditerranéenne et du Golfe s’est tenu sous l’égide du Roi Mohammed VI. Initié par la Chambre des conseillers et l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée (APM), ce forum a offert un cadre institutionnel avancé pour le dialogue et la coopération entre parlementaires et partenaires institutionnels, cherchant des réponses aux défis actuels et futurs.

Le Maroc, acteur clé de l’intégration continentale

Les participants au forum ont unanimement souligné le rôle majeur que le Maroc est appelé à jouer un rôle important dans la promotion de l’intégration continentale. Grâce à sa position géographique unique, à ses politiques économiques ouvertes et à la diversité de ses atouts, le Royaume est considéré comme étant particulièrement bien placé pour cette mission. Dans un contexte mondial marqué par la recomposition des équilibres, la diversification des partenariats et le renforcement des chaînes de valeur, le Maroc s’est affirmé comme une plateforme régionale d’échanges et de coopération. Cette transformation est mise au crédit de la conduite éclairée du Roi Mohammed VI, appuyée par des infrastructures modernes, des choix économiques judicieux et une stabilité politique reconnue.

Une géographie au service de la stratégie

La position géographique d’un pays est un facteur déterminant de ses politiques d’investissement et de ses orientations économiques. Le Maroc, seul pays africain et arabe possédant deux façades sur l’Atlantique et la Méditerranée – une situation partagée uniquement avec l’Espagne et la France en Europe – bénéficie d’un atout exceptionnel. Historiquement tourné vers l’Atlantique via des ports comme Casablanca, Safi, Agadir et Jorf Lasfar, notamment pour l’exportation des phosphates, le Maroc a ensuite opéré une réorientation stratégique majeure vers la Méditerranée avec le port Tanger-Med. Aujourd’hui, le port Tanger-Med s’est imposé comme un pôle industriel structuré autour d’écosystèmes mondiaux.

Retour stratégique vers l’Atlantique

Le Maroc opère désormais un “retour” stratégique vers l’Atlantique, fondé sur une nouvelle approche aux piliers multiples. L’un de ces piliers est son rôle de pont entre l’Europe et l’Afrique. Bien qu’environ 70 % de ses échanges commerciaux se fassent encore avec l’Europe, en raison de liens historiques et géographiques profonds, le Royaume renforce activement ses partenariats avec le continent africain, ciblant notamment l’Afrique de l’Ouest et australe. Cette dynamique atlantique ne se limite pas à l’économie, mais englobe également des dimensions spirituelles et religieuses. De plus, cette orientation s’appuie sur la transition énergétique pour répondre au changement climatique, visant à réduire l’empreinte carbone des exportations.

Infrastructures et vision logistique

La politique des grands chantiers menée par le Maroc, ses infrastructures modernes, sa stabilité et son ouverture économique, couplées à la diversité de son système productif, positionnent le pays comme une base logistique et économique avancée au service de l’Afrique. Des projets d’envergure mondiale tels que le port Tanger Med, le port Nador West Med, et le futur port Dakhla Atlantique illustrent cette ambition. Ces développements s’inscrivent directement dans les orientations royales visant à ériger le Maroc en un hub économique et logistique régional, reliant l’Afrique à l’Europe et au reste du monde. L’initiative royale atlantique est également perçue comme un levier pour une dynamique économique continentale, fondée sur la coopération maritime, l’investissement conjoint et l’échange d’expertises.

Recommandations pour un avenir ambitieux

Le forum de Marrakech n’a pas seulement dressé un état des lieux ; il a formulé des recommandations concrètes pour l’action parlementaire future. Les participants ont appelé à l’adoption de mesures législatives pour atténuer les tensions commerciales et tarifaires et promouvoir des accords multilatéraux stables basés sur les principes de l’OMC. Ils ont également plaidé pour une réforme globale du système financier international et une inclusion accrue des banques multilatérales de développement. L’égalité d’accès aux opportunités économiques pour les femmes a été soulignée. En matière d’énergie, un appel a été lancé pour encourager massivement les investissements dans les énergies renouvelables et durables, la recherche sur le stockage et l’intégration de l’énergie nucléaire. Des appels à la coopération entre régulateurs et gestionnaires de réseaux méditerranéens et l’APM ont été émis. Les parlementaires sont invités à intégrer les stratégies de transition climatique dans les politiques énergétiques et agricoles. D’autres recommandations clés incluent le soutien à un traité international sur l’intelligence artificielle, la réduction de la fracture numérique par l’amélioration de l’accès aux infrastructures et la réglementation des substances nocives comme les PFAS.

Vers une action parlementaire concertée ?

Le 3ᵉ Forum parlementaire économique de Marrakech a réaffirmé la nécessité d’une réponse coordonnée des parlements régionaux et du secteur privé face aux défis contemporains. En mettant en lumière le rôle pivot du Maroc et en proposant un ensemble de recommandations couvrant le commerce, la finance, l’énergie, le numérique, l’IA et l’environnement, le forum a tracé une feuille de route pour l’action. La réussite de cette initiative dépendra désormais de la capacité des législateurs et des partenaires institutionnels à traduire ces appels en actions concrètes et à renforcer la coopération régionale et continentale.

 

Les recommandations du Forum

Voici une liste des recommandations issues de la 3ème édition du Forum parlementaire économique de Marrakech, formulées lors de sa clôture :

      • Adopter des mesures législatives pour atténuer les tensions commerciales et tarifaires.
      • Promouvoir des accords commerciaux multilatéraux stables et fondés sur des règles, en lien avec les principes de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).
      • Plaider pour une réforme globale du système financier international, avec une inclusion accrue des banques multilatérales de développement en faveur des économies émergentes.
      • Garantir aux femmes un accès équitable aux opportunités économiques.
      • Établir un rapport actualisé pour la prochaine session du Forum des femmes parlementaires.
      • Encourager massivement les investissements dans les énergies renouvelables et durables, y compris la recherche sur le stockage de l’énergie.
      • Intégrer l’énergie nucléaire dans un mix énergétique diversifié et circulaire.
      • Organiser une réunion dédiée à l’intégration de l’énergie nucléaire.
      • Inviter l’association des régulateurs méditerranéens de l’énergie (MEDREG) et l’Association des Gestionnaires des Réseaux de Transport de l’Électricité Méditerranéens (MED-TSO) à coopérer avec l’Assemblée Parlementaire de la Méditerranée (APM), en y associant pleinement sa Communauté parlementaire de l’énergie.
      • Appeler les parlementaires à intégrer les stratégies de transition climatique dans les politiques énergétiques et agricoles, notamment dans les secteurs liés à l’irrigation, au stockage et à la transformation alimentaire.
      • Privilégier la sensibilisation sur l’utilisation innovante des ressources naturelles, notamment les réserves de carbone.
      • Élaborer un rapport dédié à l’utilisation innovante des ressources naturelles.
      • Soutenir la création d’un traité international sur l’intelligence artificielle, inspiré par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et les principes de l’OCDE sur l’IA, en mettant l’accent sur la gouvernance mondiale et les impacts sur le marché du travail.
      • Organiser une réunion sur l’intelligence artificielle.
      • Adopter des législations favorisant la réduction de la fracture numérique en améliorant l’accès aux infrastructures digitales, notamment dans les zones défavorisées, afin d’assurer un développement économique équitable.
      • Inciter les Parlements à suivre l’exemple de certains États membres qui ont pris des mesures décisives pour réglementer l’utilisation des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), jugées nocives pour la santé humaine et la sécurité alimentaire.

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