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Détention de Sansal : Les appels de la France « lettre morte » et ses filles s’activent depuis Prague

Boualem Sansal, un écrivain au cœur des tensions diplomatiques

Par Mohammed Taoufiq Bennani


Le sort de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie, est devenu un point de friction majeur entre Paris et Alger. Alors que le gouvernement français réclame un « geste d’humanité », ses filles, loin en République tchèque, expriment leur sentiment de « totale impuissance ». Deux situations distinctes qui convergent vers une même inquiétude pour cet homme de 80 ans, dont l’état de santé est jugé préoccupant.

L’appel de paris pour « Un geste d’humanité »

Mardi 20 mai 2025, depuis Paris, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a exprimé la vive préoccupation de la France concernant Boualem Sansal. Paris « espère toujours que les autorités algériennes consentiront à ‘un geste d’humanité' » en sa faveur. Le ministre s’est dit « très préoccupé par son état de santé », soulignant qu’il est « âgé et fragilisé ». La France souhaite que le procès en appel de l’écrivain « puisse être jugé au plus vite et si possible dans les prochains jours », afin qu’un « geste d’humanité » puisse « être pris à son égard à la suite de ce jugement ». Cependant, les « multiples demandes de libération » de la France sont « restées lettre morte dans un contexte de tensions exacerbées entre Paris et Alger ». Le 6 mai dernier, l’Assemblée nationale française a adopté une résolution demandant la « libération immédiate » de Sansal et subordonnant toute « coopération renforcée » entre l’Algérie, la France et l’Europe au respect des « engagements internationaux en matière de droits humains ».

L’impuissance des filles depuis prague

À des milliers de kilomètres de là, à Prague en République tchèque, les deux filles de Boualem Sansal, Nawal et Sabeha, ont partagé avec l’AFP leur « sentiment d’impuissance totale » pour obtenir la libération de leur père. Rencontrées le 16 mai 2025 à l’ouverture du salon du livre de Prague, où elles ont réceptionné un prix pour la promotion de la liberté d’expression décerné à leur père, elles ont exprimé leur tristesse : « Il est triste que des personnes soient emprisonnées pour avoir librement exprimé leur opinion et malheureusement, notre père est l’une de ces personnes ». Elles s’inquiètent de son état mental car il est « isolé sans aucune information ». Elles n’ont pas eu de ses nouvelles par email depuis 2023. Elles savent qu’il est atteint d’un cancer et suit un traitement de radiothérapie. La seule personne autorisée à lui rendre visite est probablement sa femme, mais elle est surveillée. Leurs tentatives directes – une lettre ouverte à Emmanuel Macron, des lettres à Abdelmadjid Tebboune et à leur père – n’ont pas abouti : « Nous n’avons pas reçu de réponse, il ne s’est rien passé ». Face à cette situation, Nawal a cherché des conseils auprès d’une intelligence artificielle et envisage de contacter des organisations comme Amnesty International. Pour Nawal, son père est « un pion ou une monnaie d’échange, une sorte d’otage », tandis que Sabeha salue en lui « un vrai patriote ».

Au cœur des tensions franco-algériennes

Arrêté à l’aéroport d’Alger mi-novembre, Boualem Sansal a été condamné fin mars 2025 à cinq ans de prison. Le motif principal est « atteinte à l’intégrité du territoire ». Il lui est reproché d’avoir affirmé que l’Algérie aurait hérité, sous la colonisation française, de territoires appartenant auparavant au Maroc, une position qui rejoint celle du Maroc. L’écrivain a fait appel de sa condamnation. Cette affaire intervient dans un contexte de « crise diplomatique » entre l’Algérie et la France depuis l’été dernier, marquée par des expulsions de fonctionnaires et un gel des coopérations. Athée et critique du pouvoir algérien qu’il estime se maintenir trop longtemps contre la volonté des Algériens, Boualem Sansal est une figure qui dérange.

La situation de Boualem Sansal cristallise les tensions et soulève la question de la liberté d’expression dans un contexte politique tendu. L’attente de son procès en appel maintient l’incertitude sur son avenir. Un dénouement rapide permettra-t-il le « geste d’humanité » tant espéré, ou l’écrivain restera-t-il un « otage » dans les relations complexes entre l’Algérie et la France ?


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