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Dernière Sortie avant Péage

Le coronavirus agonise. Bientôt il rendra l’âme et notre vie normale reprendra. Tous les signes sont positifs et toutes les lueurs d’espoir commencent à dissiper les gros nuages de panique qu’on a vécus avec dégoût, peur et amertume. 
Bientôt la vie réapparaîtra à la surface de l’atmosphère lugubre dans laquelle on a sombré durant un an et demi presque. La vie respirera à nouveau. On sortira, on voyagera et on se verra sans trop de méfiance. Nous dirons que nous avions vécu un mal universel et que nous en avons tiré des leçons de vie et de mort. Que nous sommes fragiles, faibles et vulnérables. La vie peut disparaître en une seconde, très facilement. Nous devrons vivre autrement, intensément. Car on a compris que la vie c’est quelque chose de précieux mais en même temps de très faillible. Notre finitude on l’a sentie de près et de loin (vu la distanciation). L’adage dit que « l’histoire de la ville se confond avec l’histoire des maladies. » Dans ce sens, une professeure à l’université de Princeton, a consacré sa vie d’universitaire à étudier comment des contagions mortelles à grande échelle ont constamment transformé les espaces urbains : “l’architecture moderne s’est définie face à la bactérie de la tuberculose”, dit-elle à propos de la tuberculose, autrefois l’une des maladies les plus mortelles au monde. Aujourd’hui, ce n’est pas différent. Au cœur de la pandémie de coronavirus, comme elles l’ont été lors de tant de fléaux passés, se trouvent les villes. En effet, on a vu des quartiers densément peuplés se transformer en clusters de contamination, des centres-villes autrefois très animés ressemblant à des villes fantômes et des rues bourdonnantes s’éteindre totalement. La ville change complètement de corps et de morphologie ! Imaginez ! Avec plus de 7 millions d’infections dans le monde, le coronavirus a forcé un tiers de la population mondiale à rester chez soi, tout en perturbant la vie de ceux qui devaient encore se déplacer. Il se peut que le jour commence à se lever et que nous vivions la dernière sortie avant le péage ! Nous devons repenser la vie en ville, après avoir vécu notre pire vulnérabilité. C’est une grande leçon que nous enseigne ce virus microscopique ! Les anthropologues urbains pensent que la pandémie est une occasion qui permet de reconstruire nos villes, les meilleures villes. Il semble étrange de dire ça alors que nous subissons encore ce fléau mondial. Mais bon ! Il est peu probable que le développement urbain mondial s’arrête. Certaines villes ont déjà mis en place des solutions urbaines pour lutter contre le virus, mais ces changements peuvent-ils devenir permanents et profiter à tout le monde ? Les pandémies du passé ont apporté des solutions différentes à la vie des grandes villes. Les épidémies de choléra des années 1830 à Londres ont conduit à la mise en place d’un système d’égouts, tandis que l’épidémie de tuberculose du début du XXe siècle a contribué au développement de l’architecture moderne – avec ses murs blancs, ses grandes fenêtres et ses piliers pour surélever la maison par rapport au sol où les maladies se développent. Plus récemment, l’épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) de 2003 a poussé Singapour à moderniser ses infrastructures médicales, ce qui a été essentiel pour que la ville-État puisse réagir efficacement au nouveau coronavirus. Cette fois, la crise du Covid-19 demande de repenser la maison même : “on nous conseille de rester dans nos maisons, c’est l’espace sûr. Et l’ennemi se trouve dans l’espace public”, déclare Colomina, historien de l’architecture. Des millions de personnes se sont repliées sur la sphère domestique qui, de manière inattendue, est également devenue le lieu de (télé) travail de beaucoup. Cela ne s’était jamais produit à une telle échelle depuis que la révolution industrielle a séparé le travail de la vie privée. Vivre entre quatre murs nous était juste un conte de fées, pas plus. Un humoriste a dit à juste titre que le confinement lui a offert un poste au cadastre tellement il a redécouvert les quatre coins de sa maison. Tant de gens restent chez eux que la terre tremble moins. Des milliards de personnes dans le monde entier restent chez elles à cause de la pandémie de coronavirus. Le nombre de confinés est tellement important qu’en en fait cela change la façon dont la terre se déplace.En raison du confinement, il y a moins de déplacements pour le travail ou les loisirs sur les routes ou par rail, et de nombreuses industries lourdes ont fermé boutique. Même les voitures ont pris congé de leur emouteillage étouffant. Nous sommes si nombreux à en faire moins de mouvement que cela a réduit les vibrations de la croûte terrestre. Etonnant ! Et puis nous habitons une planète qui pèse six milliards de billions de tonnes. En tout cas, nous avons vécu des chutes spectaculaires. Les scientifiques de l’Observatoire royal de Belgique ont été les premiers à remarquer la baisse, en disant que “les mouvements du sol à des fréquences de 1-20 Hz [plus profondes que le son d’une contrebasse, semblable à un grand orgue] sont beaucoup plus faibles depuis la mise en place des mesures de confinement par le gouvernement”.Les changements ont été remarqués dans d’autres endroits du monde également. Des sismologues au Népal ont constaté une baisse d’activité, un ouvrier de l’Institut de physique de la Terre de Paris a déclaré que la réduction dans la capitale française était “spectaculaire”, et une recherche de l’université Cal Tech aux États-Unis a décrit la baisse à Los Angeles comme “sérieusement sauvage. La chute spectaculaire de l’activité sismique au Népal peut être observée dans le graphique. Ce n’est pas la seule façon dont le coronavirus – en affectant notre mode de vie – change le monde naturel. Plus encore, les satellites ont détecté une diminution du dioxyde d’azote, gaz polluant émis par les voitures, les camions, les bus et les centrales électriques. Et puis, la meilleure : le monde est aussi plus calme. Et ceci n’est pas une métaphore ! Les scientifiques qui mesurent uniquement le bruit de fond quotidien de nos villes et ceux qui étudient la profondeur des océans ont constaté une baisse des niveaux sonores. Les nouvelles recherches sismologiques ne signifient pas que la Terre a complètement cessé de trembler, mais la différence n’est pas seulement perceptible pour les scientifiques – elle est aussi utile. L’activité humaine est comme un bruit de fond qui rend plus difficile l’écoute de ce que la Terre fait naturellement. Une autre leçon : selon les neuroscientifiques, la réduction des contacts entre les adolescents et leurs amis pendant la pandémie pourrait avoir des conséquences néfastes à long terme. L’utilisation des médias sociaux pourrait compenser certains effets négatifs de la distanciation sociale, écrivent-ils dans The Lancet Child and Adolescent Health. À un moment sensible de leur vie, leur développement cérébral, leur comportement et leur santé mentale pourraient en souffrir. L’adolescence – définie par les scientifiques comme la période comprise entre 10 et 24 ans – est une étape sensible, où les jeunes veulent passer plus de temps avec leurs amis qu’avec leur famille, alors qu’ils se préparent à la vie adulte.Combinée à des changements hormonaux et biologiques majeurs, c’est une période clé dans le développement du cerveau. C’est aussi la période de la vie où les problèmes de santé mentale sont les plus susceptibles de se développer. Ces experts demandent que les écoles soient rouvertes en priorité aux jeunes lorsqu’elles sont sûres. Mais l’arrivée du coronavirus a bouleversé tout cela. Au Maroc, certaines partie de la « terre » ont continué de bouger. Des marchés remplis, à fond. Des bus encombrés de passagers. Des moutons conduits fièrement la vielle d’une grande fête. Et les adolescents se sont noyés dans les réseau sociaux. Le tunnel touche à sa fin, mais le nôtre demeure assez long à traverser encore. La covid-19 nous enseigne des modes de vies, des comportements, des manières. Le virus nous est un vrai maître silencieux. Soyons de bons disciples !


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