Dakhla, point de convergence : La France ancre ses investissements dans le Sahara
Pôle de croissance Atlantique : Le Sud du Maroc s'impose comme le hub entre l’Europe et l’Afrique.
Par Mohammed Taoufiq Bennani
L’avenir du partenariat économique franco-marocain s’écrit désormais dans le Sud du Royaume. Jeudi 9 octobre 2025, la ville de Dakhla, surnommée la « perle du Sud », a accueilli le Forum économique Maroc-France, marquant un tournant décisif dans les relations bilatérales. Organisé conjointement par la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et le Mouvement des entreprises de France (MEDEF), cet événement majeur a réuni des acteurs économiques des deux nations, tous unanimes sur le rôle stratégique des provinces du Sud. Ils positionnent cette région comme un véritable catalyseur de la croissance partagée et de l’intégration africaine. Ce forum dépasse la simple symbolique pour devenir un acte concret d’engagement, soulignant une nouvelle ère de coopération résolument tournée vers l’Atlantique et le continent africain.
Reconnaissance et engagement stratégique
L’organisation de ce forum à Dakhla revêt une portée symbolique et politique significative. Le co-président du Club des Chefs d’entreprises Maroc-France, Mohamed El Kettani, a ainsi souligné que l’événement consacre la reconnaissance par la France de la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud. Cette position a été réaffirmée par l’ambassadeur de France au Maroc, Christophe Lecourtier, rappelant la déclaration du président Emmanuel Macron selon laquelle « le présent et l’avenir du Sahara s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ».
C’est pourquoi l’État français encourage et soutient activement les entreprises françaises dans leurs investissements dans ces régions. L’ambassadrice du Royaume à Paris, Samira Sitail, a insisté sur la nature de ce partenariat, qu’elle qualifie de modèle fondé sur la confiance, la clarté et les résultats. De ce fait, le forum incarne la position claire et sans ambiguïté de la France sur le Sahara.
Un nouveau pôle de croissance et un hub africain
Les provinces du Sud sont désormais appelées à devenir l’un des nouveaux pôles de croissance au cœur de la coopération maroco-française. Selon le ministre délégué chargé de l’Investissement, Karim Zidane, elles constituent, par leur position stratégique, « un trait d’union naturel entre l’Europe et l’Afrique ». Elles se trouvent, en effet, au centre des grands flux maritimes internationaux et offrent un potentiel unique de connectivité régionale et continentale.
Le modèle de développement marocain dans le Sud dépasse les frontières nationales. Ainsi, il constitue une porte d’entrée naturelle vers l’Afrique subsaharienne. Le vice-président de la CGEM, Mehdi Tazi, a souligné l’importance de ce forum pour mettre en lumière les atouts considérables de cette région qui « regorge d’énormes potentialités ». Ces investissements s’inscrivent directement dans la vision du Roi Mohammed VI pour l’intégration africaine.
Le potentiel énergétique et industriel décuplé
Dakhla concentre aujourd’hui les grandes priorités du siècle, notamment la transition énergétique et la gestion durable de l’eau. La région Dakhla-Oued Eddahab dispose de conditions naturelles idéales pour le développement des énergies renouvelables, parce que l’ensoleillement et les vents y sont constants.
Le Maroc est actuellement « en train de se muer en un géant » dans le domaine énergétique. Les partenariats franco-marocains exploitent ce potentiel, que ce soit dans les énergies renouvelables, les interconnexions Europe-Afrique, ou les perspectives de l’hydrogène vert. Ces développements se concentreront principalement dans les régions de Guelmim-Oued Noun, de Laâyoune-Sakia El Hamra et de Dakhla-Oued Eddahab.
Par exemple, la coopération énergétique et agricole durable entre les deux pays est illustrée par le projet de dessalement de l’eau de mer porté conjointement par Nareva et ENGIE. Par ailleurs, d’autres projets structurants comme le port de Dakhla Atlantique et la voie express Tiznit-Dakhla témoignent de l’ambition de bâtir un modèle de développement moderne, résilient et connecté à l’Afrique.
Une alliance économique renouvelée et performante
La relation économique maroco-française est jugée « exemplaire à plusieurs égards ». Par conséquent, le partenariat franco-marocain repose sur une dimension industrielle intégrée. Cette approche complète englobe la conception, l’investissement, l’approvisionnement, la fabrication et l’exportation.
Les chiffres confirment cette dynamique exceptionnelle. En 2024, près d’un tiers des investissements directs étrangers (IDE) entrants au Maroc provenaient d’entreprises françaises. De même, le Maroc est devenu un investisseur de premier plan en France, dirigeant près des deux tiers de ses investissements à l’étranger vers l’Hexagone la même année. Le ministre Karim Zidane a appelé à « bâtir une alliance économique renouvelée, équilibrée et résolument tournée vers l’avenir ».
Ancrage européen et compétitivité régionale
L’importance stratégique des provinces du Sud est également consolidée par les accords internationaux. En effet, la CGEM a salué la signature de l’échange de lettres amendant l’accord agricole entre le Maroc et l’Union Européenne (UE). Cet accord « consacre le rôle stratégique des provinces du Sud ». Il consolide le positionnement de la région comme une destination d’investissement européenne et internationale de premier plan.
Grâce à cet accord, les produits agricoles et halieutiques du Sahara marocain continuent de bénéficier des mêmes conditions d’accès préférentiel au marché européen que ceux provenant du reste du Royaume. De plus, l’accord met en valeur des filières stratégiques, telles que les énergies renouvelables.
L’impératif de l’action concrète sur le terrain
Les acteurs économiques français présents à Dakhla ont traduit une volonté claire de coopération concrète, basée sur l’écoute et la compréhension. La coopération franco-marocaine doit se construire sur le terrain, dans la durée, et avec des résultats mesurables. Samira Sitail a souligné qu’un partenariat ne se mesure pas aux déclarations, mais à la capacité de créer de la croissance, de l’investissement et des emplois durables.
D’une part, de nombreux secteurs, incluant l’automobile et l’aéronautique, dépendent de la compétence et de la fiabilité des sous-traitants locaux. D’autre part, Ross McInnes a salué la qualité de la formation des ingénieurs marocains, permettant de développer des projets technologiques de haut niveau. Des institutions françaises, notamment l’Agence Française de Développement (AFD) et Proparco, sont déjà activement engagées dans l’accompagnement des projets de développement durable dans le Sud. Ces régions seront « demain un laboratoire de projets conjoints » dans l’énergie, la logistique et le tourisme durable.
En conclusion, le Forum économique Maroc-France à Dakhla a démontré la vitalité d’un partenariat d’exception. Il a réaffirmé le positionnement des provinces du Sud comme un axe essentiel pour la feuille de route économique franco-marocaine de la prochaine génération. Dakhla est un nouveau pôle de croissance qui permet de conjuguer le savoir-faire marocain et l’expertise française pour créer non seulement de la valeur et de l’emploi, mais encore du sens. La CGEM réaffirme son engagement à faire de ce partenariat un levier de croissance et d’intégration économique mutuellement bénéfique. En définitive, comment cette dynamique, solidement ancrée dans le Sahara marocain, peut-elle accélérer l’intégration régionale et positionner l’axe atlantique comme le moteur de la nouvelle économie euro-africaine ?
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