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Crédibilité en péril : La presse dit NON au gouvernement !

Bras de fer autour du Conseil national de la presse : Les professionnels manifestent contre la loi « régressive » du CNP. Rendez-vous mercredi devant le Parlement à Rabat.

Par Mohammed Taoufiq Bennani


Le secteur de la presse et de l’édition traverse actuellement une phase critique, voire décisive, de son histoire médiatique. C’est dans ce contexte d’urgence que les représentants des principales instances syndicales et professionnelles se sont réunis. Le mardi 21 octobre 2025, au siège du Syndicat national de la presse marocaine à Rabat, une conférence de presse a marqué le rejet catégorique et commun du projet de loi visant la réorganisation du Conseil National de la Presse (CNP). Dès la première phrase, les intervenants ont mis en lumière le danger qui pèse sur l’auto-régulation du secteur. De plus, cette rencontre a servi à annoncer l’organisation d’un rassemblement central devant le Parlement le mercredi 22 octobre 2025, démontrant la détermination des professionnels à résister à ce qu’ils qualifient d’agenda politique étroit.

 

La rapidité d’un passage législatif contesté

Les organismes professionnels du secteur considèrent que le gouvernement a commis une « faute politique et constitutionnelle » en approuvant le projet de loi 25.26. En effet, ce projet vise la réorganisation du Conseil National de la Presse. Le Conseil du gouvernement l’a validé le 3 juillet 2025. Le processus législatif a alors connu une rapidité inédite. La Chambre des représentants a ratifié le texte en un temps record le 22 juillet 2025. Ensuite, le texte fut transmis à la Chambre des Conseillers le 23 juillet 2025, avant d’être présenté à la Commission de l’Éducation et des Affaires culturelles le 8 septembre 2025.

La déclaration souligne que la discussion générale du projet de loi devait initialement commencer le mercredi 22 octobre 2025. Cependant, la présidence de la Commission a décidé de reporter la réunion à une date ultérieure, suite à la demande de plusieurs groupes de la Chambre des Conseillers. Les professionnels ont accueilli favorablement cette interaction des composantes représentatives. De ce fait, ils espèrent que les représentants de la Nation contribueront à corriger les erreurs gouvernementales.

 

L’exclusion des professionnels et la dérive de l’auto-régulation

La contestation se fonde sur un point essentiel, le gouvernement aurait agi de manière unilatérale. Les corps syndicaux et professionnels se considèrent comme les « premiers et derniers concernés » par les conclusions du Comité provisoire de gestion du secteur. Autrement dit, le ministère concerné aurait « neutralisé vainement » et « exclu intentionnellement et arbitrairement » les professionnels du secteur, y compris les journalistes et les éditeurs, allant à l’encontre de l’État de droit et des institutions.

Les signataires dénoncent une tentative de « conception d’une auto-régulation de la profession en dehors de ses principes fondateurs ». Ces principes sont l’indépendance, la démocratie et le pluralisme, avec pour pierre angulaire « un Conseil national de la presse élu ». Par conséquent, le projet est perçu comme sapant le concept même d’auto-régulation. Ce projet vise, selon les professionnels, à concentrer la gestion du secteur de la presse et de l’édition entre les mains d’une seule entité, basée sur des critères jugés inéquitables. Ils s’inquiètent des tentatives d’ »hégémonie et d’exclusion ».

 

Un front de résistance élargi

Face à ce qu’ils perçoivent comme une menace existentielle, les organismes professionnels et syndicaux ont formé un front uni et robuste. Cette dynamique de contestation a été rejointe par des dizaines d’associations civiles et de défense des droits humains, comptant avec « fierté et reconnaissance 35 associations ».

Leurs positions ont trouvé un écho favorable auprès de plusieurs instances. Les responsables du secteur ont salué la valeur de l’avis des deux institutions consultatives constitutionnelles, le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) et le Conseil National de la Presse (CNP). Ces institutions ont joué un rôle majeur dans l’élaboration d’une vision et de recommandations claires. De même, l’organisation marocaine des droits de l’homme (OMDH) a soumis un mémorandum contenant des observations et propositions « solides et profondes ». Les professionnels ont également valorisé l’opinion de cinq anciens ministres de la Communication qui ont rejeté le projet.

Cette mobilisation a reçu l’appui des grandes centrales syndicales. L’Union Marocaine du Travail (UMT) et la Confédération Démocratique du Travail (CDT) ont apporté leur « soutien et appui » à cette lutte légitime. L’Union Générale des Travailleurs du Maroc (UGTM) a manifesté sa compréhension de la position rejetant le projet.

 

Revendications et engagement durable

Les organismes de la presse et de l’édition affirment que l’avis des deux institutions consultatives constitutionnelles est à lui seul suffisant pour suspendre la discussion détaillée du projet. C’est pourquoi ils appellent à un retour courageux vers les professionnels afin d’ouvrir « un dialogue et une consultation larges, sérieux et productifs ».

Leur plateforme revendicative se base sur des exigences claires :

  • Un Conseil National de la Presse élu, s’engageant sur les principes d’indépendance, de démocratie, de pluralisme et de justice représentative entre toutes les catégories.
  • Un Conseil qui renforce l’auto-régulation et assure une représentation démocratique crédible, renforçant son rôle dans la défense de l’éthique et des droits professionnels, protégeant ainsi la liberté de la presse garantie par l’Article 28 de la Constitution.

Les professionnels sont résolus à poursuivre leur programme de lutte. Fidèles à leur mission sociale et professionnelle, ils entendent utiliser toutes les formes de militantisme pour défendre « l’institution d’auto-régulation de la profession basée sur le principe de l’élection, de l’indépendance, de la démocratie, de la représentativité et du pluralisme ». Pour illustrer leur détermination, le coup d’envoi de ce programme de résistance a été donné par l’organisation de la manifestation centrale devant le Parlement, le mercredi 22 octobre 2025.

 

La crise actuelle met en évidence une détermination sans faille des professionnels à défendre les acquis démocratiques et l’indépendance de leur profession contre toute tentative de contrôle. Cette épreuve de force mènera-t-elle le gouvernement à reconsidérer son approche et à privilégier le dialogue inclusif, seul capable de garantir une autorégulation crédible ?


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