Conférence internationale sur l’islamophobie : Le Caire, laboratoire de la tolérance
Une initiative de la Ligue arabe pour promouvoir la tolérance et le dialogue interreligieux

LA VÉRITÉ
Alors que les discours de haine envers les musulmans se multiplient à travers le monde, la Ligue des États arabes et l’ICESCO lancent un appel audacieux : transformer le Caire en une tribune pour la paix. Du 8 au 10 juillet 2025, la capitale égyptienne accueillera une conférence internationale inédite dédiée à la lutte contre l’islamophobie, une initiative qui entend redéfinir les contours du dialogue interreligieux.
« L’islamophobie s’est institutionnalisée dans certains États, sous couvert de laïcité ou de sécurité nationale. »
Un rendez-vous historique face à l’urgence
La décision de tenir cette conférence n’est pas fortuite. Selon un rapport récent de l’Observatoire mondial de l’islamophobie , les actes discriminatoires envers les musulmans ont augmenté de 37 % en Europe et de 28 % en Amérique du Nord au cours de la dernière décennie. « Ces chiffres ne reflètent qu’une partie de la réalité » , alerte Ahmed Al-Mansouri, responsable au sein de la Ligue arabe. « L’islamophobie s’est institutionnalisée dans certains États, sous couvert de laïcité ou de sécurité nationale. »
La conférence réunira des représentants de 57 pays membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), des experts des Nations unies, et des leaders religieux chrétiens, juifs, et bouddhistes. Un dialogue inédit se dessine, avec un objectif clair : passer des discours aux actes.
Stratégies concrètes pour un changement durable
Parmi les pistes explorées, l’éducation sera au cœur des débats. « Il faut agir dès l’école » , insiste Fatima Zahra El Amrani, sociologue marocaine spécialiste des questions interculturelles. « Intégrer des modules sur les contributions des civilisations musulmanes à la science, à l’art, et à la philosophie permettrait de déconstruire les stéréotypes. »
Les médias seront également sous le feu des projecteurs. Une étude de l’ICESCO révèle que 62 % des reportages sur l’islam dans les médias occidentaux associent la religion à des termes comme “terrorisme” ou “violence”. La conférence proposera des chartes éthiques pour promouvoir une couverture équilibrée.
Pourtant, l’espoir domine. Comme le rappelle le slogan de la conférence : « Un monde uni contre la haine, une humanité forte de sa diversité. »
Enfin, des projets concrets seront présentés, comme la création d’un réseau international de villes “sans islamophobie”, inspiré du modèle marocain de Rabat, capitale africaine de la culture et du dialogue en 2024.
Le Maroc, modèle de coexistence
Si le Caire accueille l’événement, le Maroc n’est pas en reste. Le royaume, qui abrite la Fondation Mohammed VI pour les oulémas africains , a fait de la lutte contre l’islamophobie une priorité diplomatique. « Notre pays incarne un islam modéré, ancré dans le respect des différences » , rappelle Abdelkrim Benkirane, ancien ministre marocain des Affaires étrangères.
Lors de la conférence, le Maroc présentera son Plan national contre la discrimination religieuse , adopté en 2023, qui inclut la formation des imams à la citoyenneté et la création de centres culturels interreligieux.
Défis et espoirs
Malgré l’enthousiasme, des obstacles persistent. La polarisation politique dans certains pays et les intérêts géopolitiques pourraient limiter l’impact des résolutions. « Le succès dépendra de la volonté des États à traduire les engagements en lois » , tempère l’analyste égyptien Karim Hassan.