Commerce extérieur à fin mai 2025 : Entre dynamisme sectoriel et défi du déficit
Déficit commercial, +15,1% en mai 2025. Les importations s'envolent, mais certains secteurs résistent.

LA VÉRITÉ
L’Office des Changes a dévoilé son bulletin mensuel sur les indicateurs des échanges extérieurs pour mai 2025, offrant une photographie contrastée de la performance économique du Maroc. Ces chiffres récents révèlent une dynamique à deux vitesses, avec des secteurs en pleine expansion contrastant avec l’élargissement du déficit commercial. Une analyse approfondie s’impose pour comprendre les forces et les défis qui animent l’économie marocaine sur la scène internationale.
Le déficit commercial en augmentation
Le Maroc a enregistré un déficit commercial de 133,06 milliards de dirhams (MMDH) à fin mai 2025, marquant une aggravation de 15,1% par rapport à la même période l’année précédente. Cette évolution s’explique par une croissance plus rapide des importations de biens, qui ont augmenté de 7,4% pour atteindre 331,69 MMDH, tandis que les exportations n’ont progressé que de 2,8% à 198,63 MMDH. En conséquence, le taux de couverture a reculé de 2,7 points, s’établissant à 59,9%. L’augmentation des importations est principalement attribuable à plusieurs catégories de produits. Les produits bruts ont vu leurs importations bondir de 24,7% à 17,17 MMDH, suivis par les produits finis d’équipement qui ont crû de 12,4% à 78,54 MMDH. De même, les produits finis de consommation ont progressé de 9,6% à 77,92 MMDH, les produits alimentaires de 7,7% à 41,14 MMDH, et les demi-produits de 5,7% à 70,60 MMDH. Malgré cette hausse générale, la facture énergétique a connu une baisse significative de 6,5% pour s’établir à 45,61 MMDH, offrant un léger répit dans le tableau global des importations.
Performance sectorielle à l’export
Les exportations marocaines montrent une diversité de performances sectorielles. Certains secteurs ont brillé par leur dynamisme. Le secteur des phosphates et dérivés a particulièrement excellé, améliorant ses exportations de 18,1% pour atteindre 36,75 MMDH. Cette performance s’explique par la hausse des ventes de phosphates bruts (+47,7% à 3,88 MMDH), de l’acide phosphorique (+18,1% à 6,18 MMDH), et des engrais naturels et chimiques (+14,8% à 26,69 MMDH). Le secteur de l’aéronautique a également affiché une croissance robuste, avec des exportations s’élevant à plus de 11,8 MMDH, en progression de 10,5%. Cette réussite découle de l’augmentation des ventes des segments “Assemblage” (+10,3% à 7,65 MMDH) et “Electrical Wiring Interconnection System” (EWIS) (+11,3% à 4,13 MMDH). L’agriculture et l’agro-alimentaire ont également contribué positivement, avec une augmentation de 2% de leurs exportations, atteignant 43,66 MMDH. Par ailleurs, d’autres extractions minières (+3,2% à 2,06 MMDH) et les autres industries (+13,4% à 13,06 MMDH) ont aussi enregistré des croissances de leurs exportations. Cependant, tous les secteurs n’ont pas suivi cette tendance positive. Les exportations des secteurs de l’automobile et de l’électronique et électricité ont enregistré des reculs de 4% à 64,69 MMDH et de 7,5% à 7,18 MMDH respectivement. Le secteur du textile et cuir a également vu ses exportations diminuer de 2,4% à 19,41 MMDH.
Services et investissements, des flux essentiels pour la balance
Au-delà des échanges de biens, les services et les flux d’investissement jouent un rôle crucial dans la balance des paiements du Maroc. Les recettes voyages ont affiché une performance remarquable, atteignant plus de 45,1 MMDH durant les cinq premiers mois de 2025, soit une croissance de 8,5% (+3,5 MMDH) par rapport à fin mai 2024. Les dépenses voyages se sont élevées à 13,3 MMDH, en hausse de 7,3%. Ainsi, le solde de la balance voyages a dépassé 31,8 MMDH à fin mai, en amélioration de 9% par rapport à l’année précédente. En revanche, les transferts de fonds effectués par les Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont connu une légère baisse de 2,8%, s’établissant à 45,6 MMDH contre 46,9 MMDH l’année précédente. Sur le front des investissements, le flux net des investissements directs étrangers (IDE) a connu une croissance significative, grimpant de 41,7% pour atteindre 14,12 MMDH à fin mai 2025. Les recettes de ces investissements se sont améliorées de 27% à 21,89 MMDH, tandis que les dépenses ont augmenté de 6,9% à 7,77 MMDH. Pour ce qui est des investissements directs marocains à l’étranger (IDME), leur flux net a progressé de 50,3%. Cependant, les recettes (cessions de ces investissements) ont diminué de 21,7% à 6,11 MMDH, et les dépenses de 10,3% à 8,32 MMDH.
En somme, les échanges extérieurs du Maroc à fin mai 2025 dépeignent un tableau complexe. Le pays fait face à un défi persistant d’élargissement de son déficit commercial, principalement alimenté par une forte dynamique des importations. Néanmoins, la résilience et la croissance notables de secteurs clés à l’export, comme les phosphates et l’aéronautique, ainsi que la performance solide de la balance des services touristiques et l’attractivité des IDE, offrent des lueurs d’espoir.