Casablanca, carrefour maritime africain : Les ports au cœur de l’intégration et de la sécurité économique

Par Mohammed Taoufiq Bennani
Le Forum Crans Montana (FCM) 2025 a eu lieu à Casablanca, au Maroc, les 25 et 26 avril 2025. Cet événement important a rassemblé des experts et des décideurs africains pour discuter d’un thème crucial : “Le commerce international de l’Afrique : sûreté maritime et sécurité des ports et routes navigables”.
En accueillant ce forum, le Maroc a affirmé son rôle central dans les dynamiques économiques et sécuritaires maritimes du continent. Le Royaume met en avant ses infrastructures portuaires de classe mondiale, comme le complexe Tanger Med, et sa position géostratégique avantageuse, agissant comme un trait d’union entre l’Afrique, l’Europe et les États-Unis. Le forum a permis de souligner l’engagement du Maroc à faire des ports et des routes maritimes sécurisées des leviers essentiels pour l’intégration économique et la souveraineté des territoires africains.
Un levier clé pour l’intégration africaine
Au Forum Crans Montana à Casablanca, l’importance capitale des infrastructures portuaires et de la sécurité des routes maritimes a été fortement soulignée. Les participants ont affirmé que ces éléments sont des leviers majeurs pour l’intégration économique et la souveraineté des territoires africains. En accueillant cet événement, le Maroc a mis en lumière son propre engagement dans ce domaine.
Achraf Tarsim, Chef du Bureau de la Banque Africaine de Développement (BAD) au Maroc, a insisté sur le rôle des ports comme vecteurs de transformation structurelle en Afrique et portes d’entrée dans un système économique intégré. “Il ne s’agit pas seulement de faciliter les échanges, mais aussi de permettre aux pays africains de s’intégrer aux chaînes de valeur mondiales”, a-t-il affirmé, rappelant que la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) constitue bien plus qu’un engagement politique. “C’est un modèle de transformation fondé sur un marché unique de 54 pays, réunissant aujourd’hui 1,3 milliard d’habitants, et qui en comptera 2,5 milliards d’ici 2050”, a-t-il relevé.
L’ancien président sénégalais, Macky Sall, a relevé l’importance stratégique de ces infrastructures pour le commerce mondial et la sécurité économique des États africains. Il a cité le complexe portuaire Tanger Med au Maroc comme un exemple “exemplaire”, un hub logistique de première classe et un symbole de l’Afrique ambitieuse et connectée”, insistant sur la nécessité d’intégrer davantage les pays du Sahel aux circuits maritimes mondiaux.
Par ailleurs, il a relevé l’importance stratégique des infrastructures maritimes pour le commerce mondial et la sécurité économique des États africains, appelant à une coopération internationale renforcée en matière de sécurité maritime.
De son côté, Marie-Pierre Vedrenne, députée européenne, a souligné le rôle stratégique des ports. Elle les a décrits comme des “éléments de souveraineté” et des lieux où se concentrent “tous les défis actuels”. Pour elle, les ports représentent à la fois un lieu de potentiel et de vulnérabilité. Elle a appelé à une meilleure coordination entre la vision politique et les moyens disponibles pour les acteurs sur le terrain. Marie-Pierre Vedrenne s’est dite particulièrement impressionnée par l’alignement entre la vision stratégique et les moyens déployés au Maroc, saluant la vision et la volonté impulsées par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Elle a également plaidé pour renforcer la coopération entre les secteurs public et privé. Cette synergie est indispensable, selon elle, pour que les ports deviennent de véritables outils de projection d’influence, de puissance économique, mais aussi de souveraineté énergétique et alimentaire.
Le Maroc démontre son rôle pivot non seulement par ses infrastructures modernes de classe mondiale, comme le complexe portuaire Tanger Med, décrit comme un “hub logistique de première classe” et un “symbole d’une Afrique ambitieuse et connectée”, mais aussi en se positionnant comme un acteur central pour la sécurité des ports sur le continent. Le Royaume a développé une approche basée sur des processus transparents, une surveillance active, la formation et la coordination régionale.
La coopération Sud-Sud est un “levier central” pour une sécurité portuaire collective et durable, et le Maroc la place “au centre de ses priorités”. Cette vision marocaine pour l’intégration régionale et le développement se concrétise également à travers l’Initiative Royale pour l’accès des pays du Sahel à l’Océan Atlantique.
Le Port Dakhla Atlantique est un “pilier stratégique” et un “outil stratégique” au service de cette initiative, visant à stimuler un écosystème industriel et logistique pour le continent africain et les pays du Sahel. L’Initiative est considérée comme une “vision ambitieuse et innovante” qui favorise l’intégration économique régionale et le co-développement. Le modèle de développement adopté, notamment avec le Port Dakhla Atlantique, ambitionne d’être partagé avec d’autres États africains.
Défis à relever et potentiels à exploiter
Le secteur du fret maritime est caractérisé par une féroce compétitivité. Les ports africains doivent renforcer leurs capacités pour y faire face. La mer, bien qu’étant une porte sur le monde et un levier de croissance, peut aussi devenir une source de vulnérabilité sans des stratégies de sécurisation coordonnées et renforcées. Les ports, décrits comme des lieux où se concentrent “tous les défis actuels”. L’adéquation entre les investisseurs, les institutions financières et les autorités publiques reste un “maillon faible à consolider”, ce qui représente un défi pour faire des ports des outils de puissance économique et de souveraineté. Il existe également des disparités entre les ports africains, notamment en matière de digitalisation, nécessitant de combler ce fossé.
La digitalisation comme levier d’efficacité
Les intervenants au Forum ont fortement insisté sur le fait que la numérisation et le big data sont des leviers essentiels pour la gestion efficiente des ports africains et pour renforcer leur compétitivité.
La digitalisation contribue de manière importante à l’augmentation des performances des ports et offre la possibilité de suivre le parcours des navires. Au-delà des ports, la transition numérique s’accélère, et le numérique est perçu comme une opportunité partagée et un catalyseur pour l’inclusion et l’innovation.
Le Maroc, par exemple, se positionne comme un marché clé pour les centres de données en Afrique, soutenu par l’engagement du gouvernement et des incitations fiscales, ce qui alimente cette dynamique digitale globale.
L’impératif de la coopération
Pour relever ces défis et exploiter pleinement le potentiel des ports, la coopération est indispensable. Une coopération internationale renforcée est considérée comme la composante essentielle de toute stratégie de sécurité. Il est crucial de mettre en place des stratégies coordonnées pour la sécurité maritime.
Malgré la diversité, des résultats efficaces en matière de coopération sécuritaire peuvent être obtenus lorsque les efforts sont coordonnés et centrés sur les réalités du terrain. La mutualisation des efforts est nécessaire, notamment pour la formation et l’investissement, afin de combler les disparités entre les ports africains.
Le Maroc joue un rôle central dans l’accompagnement des pays frères et la coopération Sud-Sud est considérée comme un “levier central” pour une sécurité portuaire collective et durable. L’Initiative Royale pour l’accès des pays du Sahel à l’Océan Atlantique, avec le Port Dakhla Atlantique comme “pilier stratégique” et “outil stratégique”, est un exemple concret de cette vision marocaine visant l’intégration régionale et le co-développement.
Le modèle de développement de ce port aspire d’ailleurs à être partagé avec d’autres États africains. Le renforcement de la coopération entre secteurs public et privé est également jugé essentiel. Des mécanismes africains de solidarité sont appelés de leurs vœux.
Le Forum Crans Montana a confirmé que le développement des ports et la sécurisation des routes maritimes sont indispensables à l’intégration et au développement économique de l’Afrique. Face aux défis actuels, la coopération, la digitalisation et la mutualisation des efforts sont la clé pour renforcer la résilience et la compétitivité du continent. Le Maroc y contribue activement en tant qu’acteur pivot de la sécurité portuaire régionale.