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Ballotté par les vicissitudes d’un régime finissant, le Venezuela cherche à se réinventer

Rachid MAMOUNI / LA VÉRITÉ


Le Venezuela, un pays autrefois prospère grâce à ses réserves de pétrole, se trouve aujourd’hui à un carrefour de son histoire, empêtrée dans une crise multiforme qui semble sans issue, sous le joug d’un régime paria accroché à ses privilèges.

 

Les élections du 28 juillet dernier, présentées comme un moment crucial pour le régime de Nicolas Maduro, n’ont fait qu’accentuer l’isolement du pays sur la scène régionale et internationale à cause de l’entêtement du régime à se rendre à l’évidence.

 

Malgré les appels à une plus grande transparence et à des garanties démocratiques, inscrites dans les accords des Barbades entre le régime et l’opposition, le processus électoral a été entaché par des accusations de fraude, d’intimidation et de manipulation. De nombreux observateurs indépendants ainsi que des organisations internationales, y compris les Nations Unies, ont mis en doute la probité des résultats, affirmant que le régime avait utilisé tous les moyens à sa disposition pour assurer sa survie.

 

Bien avant le scrutin, le régime a usé de subterfuges politiques et juridiques pour neutraliser la figure visible de l’opposition, Corina Machado, mise à l’écart de tout processus politique par la justice pour les 15 prochaines années. L’universitaire Corina Yaris, choisie comme plan B de l’opposition, a été également mise sur la touche par un tour de passe-passe juridico-politique dont seul le régime en a le secret.

 

Toutefois, le réveil inexorable du peuple vénézuélien et sa conviction que le salut du pays est synonyme de la fin du régime installé par le défunt Hugo Chavez, a réussi à imposer un candidat de consensus, Edmundo Gonzalez, qui a fini par remporter plus de 70% des votes, selon l’opposition, et qui est reconnu par une majorité de pays comme le président élu.

 

Malgré les milliards de dollars de la manne pétrolière utilisés par le régime pour acheter la paix sociale et gagner la sympathie de la population, son pouvoir ne cesse de s’effriter. Plus de 7,7 millions de Vénézuéliens ont fui le pays vers des cieux plus cléments et des millions d’autres ont l’intention de leur emboîter le pas, selon de nombreuses enquêtes, si Maduro se maintient pour un troisième mandat à partir du 10 janvier prochain.

 

Comme un leitmotiv, le régime de Maduro ne cesse d’agiter le spectre de « guerre civile » au Venezuela s’il arrive à tomber, mais dans une récente interview à une télévision de Miami, Corina Machado a rétorqué que ces menaces « ne sont pas nouvelles et font partie d’une stratégie visant à générer la terreur et la violence (…). Mais je veux être très franche : pour qu’il y ait une guerre civile, il faut qu’il y ait un pays divisé, et il n’y a pas de société plus unie que celle du Venezuela » en ce moment, a-t-elle dit.

 

« Ce n’est pas une guerre civile, c’est un pays uni face à une tyrannie de plus en plus fragmentée », a ajouté Machado, qui devrait occuper le poste de vice-présidente si Edmundo Gonzalez parvient, comme il a promis, à prêter serment le 10 janvier comme président élu du pays.

 

L’opposition, unie autour de Corina Machado, a réaffirmé son engagement de faire valider le mandat donné par des millions de Vénézuéliens le 28 juillet, à son candidat Edmundo Gonzalez.

 

Au plan régional, le régime de Maduro a perdu la quasi-totalité de ses soutiens, mis à part les gouvernements de Cuba, du Nicaragua et de Bolivie qui sont plus isolés que lui au plan continental. Même ses amis les plus proches, à l’image du Brésil et de la Colombie, l’ont lâché, après avoir perdu tout espoir de le voir accepter les principes élémentaires de la démocratie.

 

Les pays sud-américains insistent en chœur pour que Maduro publie les PV du scrutin présidentiel prouvant son triomphe présumé. Le régime chaviste n’a jamais accédé à cette demande, s’enfonçant encore plus dans les abysses de l’isolement.

 

Le président brésilien Lula da Silva, jadis un fervent défenseur de Maduro, a affirmé en novembre que le chef du régime « est un problème pour le Venezuela ». Brasilia avait aussi opposé son veto à l’entrée du Venezuela aux Brics, provoquant l’ire du régime de Caracas.

 

Plus récemment, le président colombien, Gustavo Petro, dont le pays accueille la majorité des exilés vénézuéliens, a affirmé que “le peuple vénézuélien ne veut plus voir le régime chaviste au pouvoir ».

 

A l’isolement politique, le régime fait face à une situation économique délicate. L’inflation a atteint des niveaux records, la monnaie nationale, le Bolivar, ne cesse de se dévaluer, remplacée par le dollar dans les transactions quotidiennes, la production pétrolière, autrefois pilier de l’économie, s’effondre et les Vénézuéliens les mieux formés, voyant le pays sombrer, abandonnent le navire.

 

L’exode massif des Vénézuéliens a provoqué l’une des plus graves crises migratoires de l’histoire récente de l’Amérique latine. Ceux qui restent affrontent des pénuries chroniques de nourriture, de médicaments et d’équipements de base, tandis que les services publics, notamment le système de santé, sont au bord de l’écroulement.

 

« Au Venezuela, les droits fondamentaux sont violés de manière généralisée et systématique : la répression, la persécution politique, la censure, la pauvreté imposée et la négation de la justice sont des réalités qui affectent des millions de Vénézuéliens », a écrit le président élu, Edmundo Gonzalez, pour résumer la situation que vit son pays.

 

Les clivages internes, l’isolement international du régime et l’exil forcé des millions de Vénézuéliens sont les caractéristiques saillantes d’un pays où les Vénézuéliens gardent toujours l’espoir d’amorcer le changement tant souhaité.

 


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