Automobile : La reprise s’emballe, les chiffres de mai font décoller le marché

Par Driss El Filali
Avec plus de 22 000 immatriculations enregistrées en mai 2025, le marché automobile marocain signe l’une de ses plus fortes hausses mensuelles depuis la crise du Covid. Derrière cette flambée : une reprise des capacités logistiques, l’arrivée de nouvelles marques asiatiques et une dynamique industrielle portée par les ambitions du Royaume.
Le mois de mai 2025 aura marqué un tournant inattendu pour le marché automobile national. Alors que la conjoncture internationale restait incertaine et que les ménages semblaient hésitants face à l’inflation, les chiffres dévoilés par l’Association des importateurs de véhicules au Maroc (AIVAM) viennent déjouer tous les pronostics. Plus de 22 400 véhicules neufs ont été vendus en un seul mois, soit une envolée de 40,31 % par rapport à mai 2024. Une performance spectaculaire qui relance les projections à la hausse pour le second semestre et confirme le retour en force du secteur, tous segments confondus.
Au-delà de l’effet rattrapage observé ces derniers mois, les données confirment un retour à des volumes que l’on n’avait plus vus depuis la période pré-pandémie. Le segment des véhicules particuliers reste la locomotive du marché avec près de 20 000 unités écoulées, tandis que les utilitaires légers enregistrent une progression spectaculaire de près de 70 %. Cette dynamique s’inscrit dans une tendance plus large : depuis janvier, les ventes cumulées atteignent près de 89 000 unités, en hausse de plus de 36 % sur un an.
Du côté des marques, Dacia confirme son ancrage solide dans le paysage marocain. Près d’un véhicule particulier sur quatre vendu en mai arborait le badge de la marque roumaine. Renault et Peugeot complètent le trio de tête, affichant des croissances à deux chiffres, voire trois pour certaines gammes. Plus remarquable encore, l’irruption de constructeurs asiatiques dans les classements. BYD, Changan ou encore Geely gagnent rapidement du terrain, séduisant une clientèle plus jeune, sensible aux prix et à la connectivité embarquée.
Cette effervescence commerciale s’accompagne d’un frémissement sur le segment des véhicules électriques. Auto Nejma prévoit ainsi de lancer la marque Smart dès le second semestre, avec une offre 100 % électrique positionnée sur le haut de gamme urbain. Une première vague de six points de vente sera déployée dans les grandes villes, dans le sillage de la stratégie nationale de transition énergétique.
Mais au-delà de la distribution, c’est tout l’écosystème automobile qui retrouve des couleurs. L’usine Renault de Tanger, l’une des plus importantes du continent, tourne à plein régime. Stellantis renforce sa présence à Kénitra, tandis que Neo Motors, pionnier marocain, commence à livrer ses premières commandes. Avec une ambition affichée de produire localement jusqu’à 15 000 véhicules par an, l’entreprise illustre la volonté du Maroc d’imposer sa propre signature industrielle dans un secteur longtemps dominé par l’importation.
À ce rythme, l’année 2025 pourrait signer un véritable renouveau du marché automobile national. Reste à voir si cette dynamique tiendra face aux incertitudes conjoncturelles et à la question persistante du financement, qui reste le principal frein à une démocratisation de la voiture neuve au sein des classes moyennes.