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Autoflagellation à la Marocaine Haro sur tous les ennemis de la réussite

Il y a quelque chose qui m’exaspère au plus haut point : cette inclination à l’autoflagellation que les Marocains aiment nourrir et entretenir. Une tendance couplée au misérabilisme assaisonné à toutes les sauces. Souvent, nous avons battu des records en nous victimisant et en accusant tous les autres de nos maux. «Je n’ai pas réussi, c’est la faute à l’autre», «Je n’ai pas pu gagner de l’argent, c’est la faute au riche qui m’a volé», «Je suis resté le faux-jeton que je suis, c’est la faute à l’autre qui m’a mis les bâtons dans les rues », «Je suis petit, minable et haineux, c’est la faute à tous les autres qui m’ont jeté un mauvais sort et frappé du mauvais œil», «Je n’aime pas ceux qui réussissent, parce que tous ceux qui ont amassé de l’argent, qui ont fait fortune, qui vivent mieux et qui affichent leurs richesses sont des voleurs, des escrocs, des mafieux, des criminels qui doivent être poursuivis, parce que, moi je n’ai rien pu faire de tout ça ayant passé ma vie à envier les autres, à les insulter dans leur dos, à médire d’eux, à inventer des histoires à dormir debout pour saloper leurs réputations sans y arriver, puisque, eux, ils sont là où ils sont, réalisant de belles et puissantes choses, et moi, le con, je marine toujours dans mes miasmes».
C’est en somme cela la situation de millions de personnes qui vivent à coup de rancœur, de haine, de jalousie, d’envie maladive et de ressentiment à l’égard de tous ceux qu’ils ont décidé de désignés comme ennemis, juste parce que ces personnes ont travaillé, ont trimé, ont fourni et fournissent des efforts considérables pour passer d’un palier à l’autre, pour construire des choses, pour donner un sens à leur vie, pour bâtir et laisser des traces derrière eux. Cela va du Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, qui a travaillé pour faire sa fortune personnelle et devenir Chef du gouvernement. Haine, jalousie, injures… on ouvre les vannes et on essaie de le salir, sauf, que cela ne l’atteint aucunement, puisqu’il a toujours laissé les chiens aboyer et il a fait son chemin pour devenir cet homme politique qui s’illustre ici et ailleurs, avec, en l’espace de 15 mois à la tête du gouvernement, et en pleine crise terrible, a réussi des faits d’armes qu’il faut lui reconnaître et lui dire chapeau bas, parce que ce n’est pas évident d’être chef de gouvernement en plein Covid-19, avec une crise économique et financière dévastatrice, avec l’éclatement d’une guerre en Europe qui a fait éclater tous les paradigmes socio-économiques, Et pourtant, le Maroc tient bien, haut et fort et réussit même des exploits. Et même en pleine euphorie, les défaitistes, tous ceux qui haïssent la réussite, trouvent à redire : «les joueurs ne sont pas Marocains ! » Quelle débilité profonde ! «Hakim Ziyech a un Jet Privé». Tant mieux. Il le mérite. Te autre joueur «est salafiste», livrant ainsi un gamin à la vindicte publique dans le pays où il vit et où il joue. «Regragui se la pète, il se prend pour Guardiola». Pour moi, il est mieux que tous les Guardiola du monde, parce qu’il a réussi l’impossible et il a montré qu’un Marocain peut rivaliser sur le titre du meilleur entraîneur du monde. Et les propos nauséabonds de fleurir sur la toile, entre réseaux sociaux, qui ont donné à tous les médiocres et à tous les cons voix au chapitre pour débiter leurs âneries avec fierté.
Pourtant, dans toute cette braderie de conneries, je n’ai pas pu lire un seul début de commencement d’un propos réfléchi. Rien, Oualou. Que dalle. Néant. Des insultes. Des attaques gratuites. Des jugements de valeur. Des prêches salafistes. De la vengeance par clavier interposé. Et un trop-plein de haine. C’est si profond que cette inclination à haïr viscéralement tous ceux qui accomplissent des choses, que cela en devient effarant. Et le pire, c’est que c’est contagieux. Cela passe d’une personne à l’autre comme un virus. Un microbe.

Il faut se mouiller

Depuis que le monde est monde, il y a toujours eu ceux qui se mouillent et ceux qui regardent la pluie tomber. Il y a toujours eu ceux qui cherchent des excuses et qui n’entrent jamais dans l’histoire. Tout comme ceux qui hésitent, qui se victimisent, qui cherchent des bouc-émissaires ou des persécuteurs désignés. Ceux-ci vont dans ce monde à la parallèle de l’histoire sans jamais la rencontrer ni en faire partie. Le monde se fait et avance sans eux. Et c’est tant mieux. Imaginez de personnes aussi remplies de haine et de jalousie pathologique, aussi foncièrement enclins à la destruction, s’ils pouvaient toucher tous ceux qu’ils désignent comme ennemis et comme sources et causes de leur misère mentale d’abord, soyez-en sûrs, ils les lyncheraient, ils les lamineraient à coup de dents tellement la rage est viscérale. Toutes ces personnes qui végètent dans la haine de ceux qui travaillent, qui se décarcassent, qui vont au charbon, qui ne reculent devant aucun obstacle et l’affrontent vaillamment, toutes ces personnes intrinsèquement mauvaises, ne savent pas et ne sauront jamais que dans une large mesure, ce que l’on pourrait nommer le bonheur dans nos vies dépend fondamentalement de la qualité de nos pensées et de nos sentiments, sans oublier la valeur de nos intentions. Alors, avec un cœur où coule du sang noir, avec des veines obstruées par la bile, il n’y a franchement rien à faire. Il n’y a absolument aucun espoir.

La jalousie est une grave pathologie

Rumi disait quelque part à une de ses connaissances: «arrête de te comporter en petit, tu es l’univers dans sa forme extatique». Que dire aujourd’hui autour de soi, là où la petitesse prospère, là où la crapule pullule ! Si l’on suivait de près la réflexion à rebours de ces personnes qui vouent une haine terrible à l’égard de la réussite, on pourrait dire que pour une large majorité de cette catégorie humaine, il y a aussi une grande haine pour leur pays. On dirait que ces individus veulent que l’on ressemble au désastre algérien où le régime lamine toutes les volontés libres qui ont essayé de travailler, de faire fortune, de fructifier leurs biens, de faire travailler des milliers de personnes, de se faire un nom et d’atteindre d’autres objectifs que le plafond autorisé par un état algérien totalitaire. Regardez dans les annales de ce pays voisin, les exemples de ces personnes qui ont tenté des choses et qu’on a brisées sont légion. Mais le Maroc n’est pas l’Algérie. C’est dans ce sens qu’il nous faut apprendre à soutenir ceux qui bossent, ceux qui fournissent de grands efforts, ceux qui s’activent, ceux qui se déploient dans plusieurs domaines et secteurs et relèvent des défis, au lieu de les casser systématiquement avec ce genre de phrase débile : «Mais, celui-ci, il se prend pour qui, il veut tout faire, il veut aller au ciel, il faut lui couper les ailes».
C’est terrible d’être aussi minable et petit. Aussi vil et bas. Dans ce sens, je vous soumets cette remarque que j’ai entendue des milliers de fois à mon égard, pourtant, je n’ai ni fortune, ni jet privé, ni biens, ni rien. Je loue, je n’ai pas de voiture, je circule à pied et j’ai du mal à joindre les deux bouts, comme des millions de Marocains. Mais, voici ce que je lis à mon propos, voici les messages que je reçois, parfois même de certains faux-amis, qui, entre temps, ont sombré dans l’oubli : «Il écrit un livre par mois, il fait de la télé, il a été champion, il écrit dans plusieurs journaux, il joue les acteurs, il anime des conférences, il fonde une maison d’édition, il veut produire une série pour Netflix, il fait de la peinture, il vend beaucoup de livres, c’est un fils de pute de merde, c’est un prétentieux, il est pistonné…». J’ai reçu des scans de messages sur des réseaux sociaux où certaines personnes se sont lâchées sur mon dos à peine après m’avoir envoyé des messages dithyrambiques sur mon travail et toutes mes activités. On ne peut trouver plus hypocrite. Plus minable. Plus crade. Plus dangereux. J’ai entendu les mêmes miasmes purulents sur d’autres personnes qu’on a voulu voir clouées au pilori. Juste, parce que ces personnes travaillent, s’appliquent, s’impliquent et refusent de perdre leur temps dans les conneries et les futilités, optimisent, capitalisent sur leur savoir-faire et leur capacité d’abattre un travail incroyable. C’est triste. C’est affligeant. Mais c’est justement cela l’auto-flagellation et l’inclination au misérabilisme qui n’est pas que matériel mais surtout cognitif, immatériel, intellectuel, spirituel et humain.

Aller au bout de soi

Le pire péché qu’un être humain puisse commettre, c’est de se trahir lui-même et de détruire ce qu’il est supposé devenir. Peu de personnes le savent et le comprennent. Peu sont capables d’aller au bout de qui ils sont censés devenir. Deviens qui tu, disait l’oracle, car, à l’évidence, il n y’a pas de chemin qui mène vers le bonheur. Le bonheur est le chemin. Et ce bonheur n’est ni le fric, ni la fausse gloire, ni la pseudo célébrité ni rien de toutes ces conneries au rabais. Le bonheur, c’est d’être en règle avec soi-même, et peu importe le drapeau qui flotte sur votre tête. Mais il faut aussi se résoudre à cette autre vérité : dans notre culture, nous avons un sérieux problème avec la réussite des autres, tout comme nous avons un profond conflit avec l’intelligence. On s’agglutine autour de tous les médiocres pour les célébrer noyant sa misère humaine au fond du conglomérat. On complote contre les esprits libres et les électrons libres. On les accuse de tous les maux possibles et imaginables. On invente beaucoup d’histoires à leur propos comme on prétend les connaître alors qu’on ne leur a jamais serré la main. C’est exactement ce qui arrive à certains visages de la classe politique marocaine. Ce qu’on dit sur Aziz Akhannouch, on l’avait dit sur Driss Jettou et sur d’autres. Pourtant, l’un comme l’autre, ont travaillé et ont trimé en fructifiant leurs affaires. Ce sont des personnes nées pour faire des affaires. Comme c’est le cas ailleurs où des hommes d’affaires peuvent même devenir président de grands États. C’est leur droit de faire de l’argent. C’est leur mérite de devenir riches. Et toi, le jaloux, l’envieux, le haineux, le fainéant, l’incapable, le raté, le looser, tu n’as aucun droit de les pointer du doigt sous prétexte que tu es une épave qui se répand en diatribes nauséeuse sur les sacrifices des autres. Car, ce que toi, le jaloux maladif et tes semblables qui font dans le conciliabule de spectres, vous ne saurez jamais, c’est tous les grands sacrifices consentis pour y arriver, c’est toute la partie émergée de l’Iceberg qu’il a fallu grimper nuit et jour, avec des heures et des heures interminables de travail pour sortir la tête de l’eau et respirer un bon coup. Mais, quand une part de notre culture a été bâtie durant des siècles sur ces atavismes rétrogrades, crasseux et défaitistes, il me semble très dure de changer ce type de mentalités. Car, cela touche toutes les sphères de la société. Le cireur qui déteste l’autre cireur qui a une bonne clientèle comme le grand homme d’affaires qui répand des mensonges sur le compte de son rival créé de toutes pièces. C’est le même principe de débilité. Pourtant, notre culture n’est pas non plus responsable de tous les ­malheurs du monde, comme notre histoire a autant de grandeurs que de faiblesses. Et chacun, dans cette configuration, se doit de s’assumer et d’assumer son statut et son rang. L’écrivain et journaliste, Abdallah El Amrani a dit quelque chose de fort profond : «Contrairement aux sociétés avancées qui célèbrent les personnes qui réussissent, chez nous, on réagit comme si nous avions une inclination pour le misérabilisme».

Les suppôts de la médiocrité

On le vérifie au quotidien, pas seulement dans ce cher Maroc qui a statué sur le sort des intelligences en mettant en avant de très nombreux médiocres, mais cette propension à la jalousie de très bas étage, à la haine de tout ce qui se démarque, de tout ce qui sort du lot, de tout ce qui ne coule pas dans le moule, nous donne aussi de sérieux indicateurs sur nos failles sociales qui dans certains cas, prennent les proportions de grands canyons. C’est à ce type de dérapages et de dérives qu’il faut rester attentifs. Car une société qui déteste ceux qui réussissent, chacun dans son domaine, chacun selon ses choix et ses compétences, est une société au socle branlant, une société malade. «Au milieu de gens médiocres, le talent n’est pas à sa place, il se trouve comme dépaysé. La médiocrité est jalouse, envieuse et méchante ; incapable d’apprécier le mérite, elle le flétrit et l’outrage», avait écrit Alfred Auguste Pilavoine dans ses Pensées. Le talent certain, le cœur remplit de grandeur, l’esprit vif et vivace, la pensée qui cingle et va à l’essentiel, sans compromis, sans fards, sans effets de manches… tout ceci est combattu par des conciliabules dégoûtants. Avec la folie des réseaux sociaux, que l’on devrait nommer asociaux, c’est à qui plébiscite son médiocre. Chacun y va de son débile profond pour en faire un exemple pour les autres. Ce même Pilavoine a mis le doigt là où ça fait mal : « La médiocrité du cœur et de l’esprit, en nous isolant de tout ce qui est grand et beau, nous concentre en nous-même et nous livre à toutes les suggestions de l’intérêt. Alors, nous devenons habiles par défaut de véritable intelligence, et notre médiocrité même est la cause de nos succès.»
Résultat d’un ensemble de facultés vulgaires, la médiocrité refuse à tout prix d’approuver ce qui n’est pas médiocre. Les adeptes de la pensée au ras des pâquerettes aiment être ensemble, adorent constituer des légions et se gargarisent de leurs inepties en stigmatisant tout ce qui n’entre pas dans l’étroitesse de leur univers. C’est atavique. C’est incurable.

 


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