La diplomatie algérienne coincée face au soutien britannique à la marocanité du Sahara
Les réactions algériennes après la reconnaissance implicite du Royaume-Uni de la souveraineté marocaine sur le Sahara

Par Fayçal El Amrani
Une diplomatie algérienne en déroute, coincée entre déni et isolement
Le 1er juin 2025, le Royaume-Uni a officialisé son soutien à l’Initiative marocaine d’autonomie pour le Sahara, marquant un tournant majeur dans la reconnaissance internationale de la marocanité du territoire. Cette décision, intervenue sans ambiguïté, place le Polisario, mouvement séparatiste soutenu par l’Algérie, dans une position de plus en plus isolée sur la scène locale, régionale et internationale.
Londres, membre permanent du Conseil de sécurité, a ainsi confirmé que la proposition marocaine constitue “la base sérieuse, réaliste et crédible” pour résoudre le différend, une évolution qui fragilise davantage les positions algériennes.
Face à cette évolution, la junte algérienne a choisi la fuite en avant. Son communiqué officiel, publié quelques heures après l’annonce britannique, tente d’effacer cette reconnaissance en affirmant que Londres n’a “ni évoqué, ni apporté son soutien à la prétendue souveraineté marocaine”, tout en “regrettant” ce même soutien au plan d’autonomie. Une contradiction criante qui révèle l’incapacité d’Alger à concilier ses déclarations avec les faits, préférant le déni plutôt que de s’adapter à une réalité géopolitique transformée.
la junte persiste dans une posture de confrontation stérile, sans vision stratégique ni partenaires fiables pour soutenir sa “cause”
Une diplomatie algérienne en crise face aux engagements économiques britanniques
La réaction algérienne ignore délibérément les implications concrètes de la reconnaissance britannique.
Le Royaume-Uni a non seulement validé l’Initiative marocaine, mais a aussi ouvert la voie à des investissements massifs dans les provinces du Sud via UK Export Finances. Un fonds de 5 milliards de livres sterling, annoncé en parallèle, prévoit de financer des infrastructures stratégiques dans ces territoires, renforçant leur intégration économique et administrative.
Ce type d’engagement, loin d’être symbolique, illustre un soutien opérationnel qui dépasse les déclarations diplomatiques.
L’Algérie, incapable de rivaliser en termes de leviers économiques, se retrouve ainsi marginalisée.
Son incapacité à répondre aux évolutions internationales creuse davantage l’écart entre sa rhétorique idéologique et la réalité des faits.
Les experts ont raison de déclarer que “la junte persiste dans une posture de confrontation stérile, sans vision stratégique ni partenaires fiables pour soutenir sa cause”.
l’Espagne et le précédent de 2022 : Une gestion erratique des crises
En mars 2022, l’Espagne avait adopté une position similaire à celle du Royaume-Uni, qualifiant l’Initiative marocaine d’”unique base réaliste” pour résoudre le conflit.
La réaction algérienne avait été immédiate : rappel de l’ambassadeur à Madrid et fermeture du gazoduc Maghreb-Europe, entraînant des pertes estimées à 300 millions d’euros pour l’Algérie.
En 2025, l’absence de réponse similaire face au Royaume-Uni montre une gestion désordonnée de la crise.
Plusieurs facteurs expliquent cette retenue. D’une part, le Royaume-Uni est un partenaire clé pour les exportations énergétiques algériennes vers l’Europe. D’autre part, l’isolement croissant d’Alger, déjà en conflit avec la France et le Maroc, rend toute escalade diplomatique risquée.
“L’Algérie n’a plus les moyens de ses ambitions“, note les analystes, soulignant que “les pressions économiques et les divisions internes limitent sa marge de manœuvre“.
Vers une marginalisation internationale de l’Algérie
La politique de l’autruche adoptée par Alger a des conséquences profondes.
Sur les plus de 116 pays soutenant aujourd’hui l’Initiative marocaine, seuls une dizaine reste allié à l’Algérie.
Cette marginalisation s’accompagne de tensions internes, avec un taux de chômage atteignant 24 % en 2025 et une économie dépendante des hydrocarbures.
Si la junte ne modifie pas sa stratégie, elle pourrait voir sa “cause” s’éteindre non pas sur le terrain, mais dans l’indifférence générale.
La situation profite au Maroc, qui renforce ses liens avec l’Union européenne et les pays africains.
Comme le rappelle un rapport du Conseil de sécurité de 2024, “la solution politique doit respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale du Maroc“.
L’Algérie, en persistant dans son refus de dialogue, risque d’être évincée des négociations futures, condamnée à voir sa “cause” s’éteindre dans l’indifférence générale.
La réaction algérienne au soutien britannique révèle une diplomatie en crise, coincée entre un déni obstiné et une incapacité à s’adapter à la réalité géopolitique.
Alors que le Maroc renforce sa position grâce à des alliances stratégiques et des investissements concrets, l’Algérie perd progressivement son influence, enfermée dans une posture idéologique devenue contre-productive
Si la junte ne modifie pas sa stratégie, elle pourrait voir sa “cause” s’éteindre non pas sur le terrain, mais dans l’indifférence générale.