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Algérie: La menace terroriste

LA VÉRITÉ


Depuis 1991, l’Algérie a toujours eu des accointances et autres démêlés avec le terrorisme, dans sa version mondialisée, avec la place que va occuper l’organisation Al Qaïda, avec toutes ses succursales, essaimées un peu partout en Afrique et dans le Monde arabe, du Soudan à la Somalie, en passant par l’Égypte, la Libye, la Tunisie, l’Algérie, le Maroc, la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Tchad, le Yémen, l’Arabie Saoudite, le Bahreïn et le Qatar pour ne citer que ces pays et sans parler des ramifications en Afghanistan, au Pakistan, en Indonésie, aux Philippines et ailleurs. Pendant la première décennie qui a vu l’éclatement de la guerre civile en Algérie, AQMI (Al Qaïda dans le Maghreb islamique), une franchise de la maison mère dirigée par Oussama Ben Laden, est une véritable structure qui a pris naissance dans les maquis algériens en contestation face au régime en place. Cette organisation, qui va sévir durant de longues années dans toute la région du Sahel prend racines dans les Groupes islamiques armés (GIA), qui ont évolué pour donner corps au Groupement salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) durant la guerre civile des années 1990-2000. L’objectif déclaré de ces groupes armées était très clair : renverser un État algérien jugé «corrompu et impie», un État qui exploite les grandes richesse du pays pour gonfler les comptes en banques de plusieurs hauts gradés de l’armée algérienne alors que les populations ploient sous le jour de l’oppression et des précarités de tous genres. Très vite, ces factions armées, nourries des idéologies wahhabites, financées par des fonds islamiques se sont construits sur le bon vieux modèle de la guérilla qui opère par des opérations ciblées et parfois par des tirs groupées non seulement sur le sol algérien, mais aussi en Europe et dans le Maghreb, comme cela a été le cas en France, au Maroc en 1993 et en Tunisie. Ces katibas ont trouvé dans les nombreuses crises algériennes et surtout dans l’élimination, en 1991, de toute option politique différente, avec un autre regard sur la gestion du pouvoir, quand les militaires avaient annulé les législatives de 1991 remportées haut la main par le Front islamique du salut (FIS). À toutes ces factions s’ajoutent celles qui ont été rompues à l’exercice de la guerre et de la guérilla , avec un grand nombre de vétérans algériens qui ont passé de longues années dans le «djihad» antisoviétique des années 1980-1989 en Afghanistan, avec l’avènement de ce que l’on a alors nommé « Les moudjahidines », avant la création de ce que l’on connaît aujourd’hui sous l’appellation d’origine garantie : les Talibans.

« Terre du djihad »
Pour faire un simple rappel de l’Histoire des terrorismes en Algérie, sous toutes leurs déclinaisons et ramifications, il faut garder à l’esprit que c’est le bras droit d’Oussama Ben Laden lui-même qui a été auto-déclaré « émir » du GSPC algérien. Et ce, avant la fusion avec AQMI. Cela a eu lieu exactement en 2005 avant l’annonce officielle qui est intervenue, deux années plus tard, en 2007. Entre temps, il y a eu les attentats de Casablanca en 2003, les attaques de Madrid en 2004, les actes terroristes à Londres en 2005, pour ne citer que ces trois grandes actions qui signaient à l’époque la mise en service d’AQMI comme le siège permanent d’Al Qaïda dans le Maghreb , avec toutes les déclinaisons en Europe, surtout en Espagne, en Italie, en Allemagne et au Royaume-Uni. Cette nouvelle structure obéissait à de nouvelles règles avec de nouveau paradigmes mettant en avant les attaques suicides, qui étaient refusées jusque-là par la maison mère et par son chef Oussama Ben Laden, qui pensait alors que le suicide était contraire aux lois fondamentales de l’Islam, avant de changer d’avis sous les conseils répétés de son second, Ayman Al Zawahiri ainsi que d’autres figures du terrorisme comme Khaled Cheikh Mohamed, présumé cerveau des attentats du 11 septembre 2001, qui ont mis l’usage du suicide comme pratique suprême au sein d’Al Qaïda. Une vision qui devait être élargie et exportée à des pays comme le Maroc et la Tunisie, mais sans grand succès, puisque Rabat tout comme Tunis, avaient su limité les actions du salafisme, suivant une politique de lutte contre le terrorisme qui a fait ses preuves et qui est érigée aujourd’hui en exemple d’efficacité et de coopération avec les services secrets européens et avec le FBI américain. C’est pour cette raison, à cause du blocage du côté maghrébin que AQMI a déployé toutes ses forces dans la région du Sahel, ce ventre mou de l’Afrique, une zone tampon entre le Nord du continent et le Sud, avec des étendues immenses pour implanter des camps d’entraînements et des bases de repli pour les activistes d’AQMI. À ce titre, il faut rappeler que le GSPC avait mis en place un couloir sécurisé au Nord-Mali avant de cibler la Mauritanie dès 2005. Un ciblage qui s’explique pour de nombreuses raisons. D’abord, la proximité et la frontière commune avec l’Algérie sur un territoire incontrôlé. Ensuite, la Mauritanie, bien que pays sahélien, il se réclame de l’arabité et abrite l’un des symboles de l’islam dans la région, Chinguetti, sans oublier que Nouakchott est également membre de l’Union du Maghreb arabe. Cette localisation des actions pour étendre une mainmise sur toute une région livrée à elle-même, AQMI a compris qu’il fallait exporter sa vision du terrorisme en Europe et surtout en France, avec cet argumentaire infaillible pour ses chefs : Paris combat les musulmans en Afghanistan et stigmatise les musulmans avec des lois comme celle liée à « la burqa ». Nous sommes donc face à deux fronts ouverts par les salafistes : le premier dans le Maghreb et dans le Sahel, avec les rapts et les kidnappings moyennant des rançons pour gonfler les recettes. Le deuxième en Europe , avec comme quartier général des opération , l’Algérie, pays tampon entre le Nord et le Sud. Cette stratégie de la terreur va culminer avec des actions spectaculaires d’abord sur le sol algérien comme les multiples attaques en Kabylie avant d’atteindre un point d’orgue avec l’attentat contre le siège des Nations Unies à Alger en 2007. Une prise de confiance qui va connaître une escalade en 2008, avec l’attentat anti-français en 2008. Ce qu’il faut retenir également par rapport à cette période charnières pour AQMi, c’est que le groupe ne dépassait pas alors les 1000 activistes, mais avait cette force de frappe ciblée qui faisait vaciller les équilibres des forces à la fois en Algérie, dans le Sud sahélien, au Mali et au Niger., le tout sous la supervision de chefs de katibas qui sont tous algériens, avec, bien entendu, une part des Mauritaniens et l’entrée dans les rangs de recrues africaines. Pour diversifier les actions terroristes et faire fléchir les États surtout l’Algérie et la France, les phalanges terroristes vont faire de la zone du Sahel leur base arrière, un terrain d’action propice aux kidnappings et autres prises d’otages pour amasser des fonds et se créer une bonne caisse financière qui leur permet d’élargit leur champ d’action en Libye et au Tchad allant jusqu’au Soudan créant un corridor qui franchit le Sahel pour atteindre l’Atlantique, par la porte d’entrée mauritanienne. Dans ce sens, l’année 2010 a été marqué par des opérations militaires mauritaniennes contre AQMI au Nord-Mali, ainsi que par des prises d’otages anti-françaises au Niger, à grand renfort de bandes criminels qui formaient alors des relais mauritaniens et africains pour faire le sale boulot de manière locale, au service de la chefferie d’AQMI, dont le siège reste le sud algérien et la maquis kabyle.
Terrorisme et narcotrafiquants
Dans cette logique de diversification des activités, AQMI, a très vite compris tout le bénéfice qu’elle peut tirer des trafics de drogues qui sévissent dans toute la région, entre le Maghreb et l’Afrique. Le grand désert saharien a toujours été une base-arrière pour de grands narcotrafiquants opérant entre les Amériques et l’Europe, via l’Afrique. Sur ce chapitre très ramifié, il faut se référer aux données de l’UNODC, l’Office des Nations unies contre les drogues et le crime, largement analysées et commentées dans un document intitulé : «Transnational trafficking and the rule of law in West Africa : a threat assessment », paru en 2009 . On y lit entre autres révélations comment la cocaïne latino-américaine à destination des pays du Nord, Etats-Unis compris est aussi destinée aux pays arabes et africaines.
Pour rappel en 2010, les forces de sécurité maliennes avaient démantelé un grand réseau de trafic de drogue nommé « Polisario ». il s’agit là d’un réseau composé alors à 90% d’éléments issus des camps de Tindouf. Lors de la même opération, en décembre 2010, les forces maliennes avaient arrêté six gros trafiquants de drogues, tous issus du front « Polisario » dont l’un des chefs surnommé « Sleitine », le petit sultan. Des actions qui se sont poursuivies durant toute la décennie qui a suivie, avec des arrestations et des démantèlements qui ont tous montré les liens avérés entre les narcotrafiquants et des membres du « Polisario ». Ce qui fait dire en novembre 2020, à Manuel Valls, l’ancien Premier ministre de la république française que le Polisario est impliqué dans le trafic d’armes, d’êtres humains et de drogues, et constitue une grande menace pour la sécurité dans la région du Sahel. Invité d’une émission de la chaîne de télévision espagnole Antena3, Manuel Valls a qualifié d’ «irresponsables» les positions du Podemos, parti minoritaire au gouvernement espagnol de coalition, relatives au Sahara marocain et aux séparatistes, «sachant que le Polisario est impliqué dans le trafic d’armes, d’êtres humains et de drogues dans la région du Sahel» avant d’ajouter qu’ «Il ne faut pas chanter hors-scène», incitant vivement le gouvernement espagnol à «être responsable et à la hauteur des défis auxquels le pays et l’Europe font face» aujourd’hui dans une région où le «Polisario» joue un rôle déstabilisateur ainsi que l’Algérie qui l’héberge et le finance.
À la lumière de toutes ces données, nous voyons bien à quel point l’Algérie est impliquée à la fois dans le terrorisme et dans les trafics de tous genres avec grand renfort de bandes criminelles qui circulent en toute liberté dans toute cette zone désertique. L’Algérie a même utilisé le terrorisme qu’elle a créé de toutes pièces dans la région pour se faire valoir auprès des États-Unis d’Amérique, qui ont saisi l’occasion pour s’implanter dans la région depuis 2001, avec d’abord la Pan-Sahara Initiative et ensuite le Trans-Saharian Counter-Terrorism Partnership.


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