Algérie : Boualem Sansal maintenu en détention
Par AFP
L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, détenu en Algérie depuis la mi-novembre notamment pour “atteinte à l’intégrité territoriale”, reste en détention après le rejet mercredi par un tribunal à Alger d’une demande de libération provisoire, a indiqué jeudi le quotidien algérien El Watan.
Les magistrats de la chambre d’accusation de la Cour d’Alger ont pris cette décision “hier après-midi, après avoir entendu les plaidoyers du collectif de défense et du représentant du Parquet”, a précisé El Watan.
M. Sansal reste emprisonné pour “des faits en lien avec l’article 87 bis du code pénal et d’autres dispositions relatives aux atteintes à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale”, a ajouté le premier quotidien francophone du pays.
L’écrivain a été interpellé le 16 novembre à son arrivée à Alger “par des officiers de la sécurité intérieure”, avant d’être placé sous mandat de dépôt le 21 novembre, a-t-il rappelé.
Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien pourrait avoir mal pris des déclarations de M. Sansal au média français Frontières, réputé d’extrême droite, qui reprennent la position du Maroc selon laquelle le territoire du pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l’Algérie.
Le collectif de trois avocats “constitué d’office pour défendre M. Sansal” a plaidé mercredi sa remise en liberté sur la base notamment de “garanties” fournies par l’écrivain dont “une adresse fixe en Algérie”, a indiqué El Watan. Le parquet s’y est opposé.
L’article 87 bis sanctionne “comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l’Etat, l’intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions”.
Selon El Watan, “suite à une nette amélioration de son état de santé, M. Sansal a été transféré en fin de semaine dernière du pavillon pénitentiaire de l’hôpital Mustapha Pacha à Alger” à la prison de Koléa, à environ 35 km d’Alger. “Selon ses avocats, il est bien pris en charge par une équipe médicale et se porte bien”, ajoute le quotidien.
Mercredi à Paris chez son éditeur français Gallimard, Me François Zimeray, avocat de M. Sansal, a dénoncé devant la presse des atteintes aux droits de la défense, affirmant se donner “quelques jours” avant d’éventuellement saisir le Haut commissariat aux droits de l’homme de l’ONU ou la commission des droits de l’homme de l’Union africaine.
Selon Me Zimeray, les charges pesant sur l’écrivain n’ont pas été détaillées par l’accusation, lui-même n’a pas eu de visa pour se rendre en Algérie, et Boualem Sansal a été transféré dans un autre lieu de détention sans que ses avocats ni sa famille n’en soient prévenus.