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Afrique du Sud: Le Président face au spectre d’une motion de censure

Hamid AQERROUT


Le spectre des motions de censure plane encore une fois sur l’Afrique du Sud où le président, Cyril Ramaphosa, sera confronté jeudi prochain à la première motion de défiance durant son mandat.

La motion déposée il y a plusieurs mois par le Mouvement Africain de Transformation (ATM), un parti minoritaire, a finalement été acceptée par le président de l’Assemblée nationale, Thandi Modise, et sera votée au siège du Parlement à Cape Town (sud-ouest).

Après les motions de censure déposées à plusieurs reprises contre l’ancien président controversé Jacob Zuma, qui a été d’ailleurs forcé à démissionner, c’est au tour de Ramaphosa de se défendre contre les accusations portées contre lui.

Dans une motion déposée en février dernier, le chef de l’ATM, Vuyo Zungula, affirme que le président sud-africain avait induit le pays en erreur en déclarant qu’il n’y aurait pas de délestage après le 17 décembre dernier, mais les pannes d’électricité, tellement redoutées dans ce pays d’Afrique australe, ont été enregistrées plusieurs fois durant l’année 2020.

Le parti reproche également à Ramaphosa sa gestion de la crise économique que le pays traversait déjà avant la pandémie de la Covid-19, ainsi qu’un don de 500.000 Rands (33.000 dollars) fait par l’ancien directeur général de l’entreprise sud-africaine «Bosasa», Gavin Watson, pour financer sa campagne à la présidence du Congrès National Africain (ANC au pouvoir).

Zungula déclara à ce propos que «la nouvelle aube promise (par Ramaphosa) est en fait devenue un cauchemar pour pratiquement tous les citoyens de l’Afrique du Sud».

Toutefois, il convient de souligner que bien que le président de l’Assemblée Nationale a accédé à la demande du Mouvement africain de transformation de débattre d’une motion de censure contre le président, ladite motion n’a aucune chance de passer puisque le parti au pouvoir «ANC» bénéficie d’une majorité parlementaire absolue. ATM, par contre, ne dispose que de deux sièges sur les 400 que compte l’Assemblée nationale (Chambre basse).

En effet, conformément à la loi sud-africaine, le vote de défiance ne pourrait réussir que s’il est soutenu par une majorité simple.

Pourtant, Ramaphosa avait échappé, en août 2019, à une motion de défiance déposée par la médiatrice de la République, Busisiwe Mkhwebane, et rejetée par un tribunal de Pretoria. La médiatrice avait accusé le chef de l’Eat sud-africain de «mensonge» lors de la campagneºpour la présidence du Congrès national africain et d’avoir «trompé» le Parlement à propos d’une donation d’environ 32.000 euros faite par un groupe industriel lors de sa campagne électorale.

Des accusations que Ramaphosa avait rejeté en bloc, arguant que l’argent versé en 2017 était un paiement à son fils Andile pour un travail de consultant pour une entreprise de services.

Le parti ATM avait également introduit une demande de faire voter la motion de censure au moyen d’un scrutin secret, mais sa requête a été rejetée par le président du Parlement, au motif qu’elle ne répond pas aux conditions requises. Finalement, la motion serait débattue et votée lors d’une séance de la Chambre par scrutin public, a déclaré le porte-parole parlementaire Moloto Mothapo.

En réaction, le porte-parole de l’ANC, Nomfanelo Kota, a affirmé que le parti au pouvoir croyait en la démocratie multipartite et que «toute formation politique avait le droit de soulever n’importe quelle motion dans n’importe quel débat tant que cela est fait dans les règles».

«En tant que députés de l’ANC, nous participerons à ce débat sans aucune crainte, pour renforcer la démocratie», a-t-il assuré.

Force est de souligner que ce n’est pas la première fois qu’un président sud-africain fait face à une motion de défiance. L’ancien président controversé, Jacob Zuma, a dépassé sept motions de censure au cours de neuf ans au pouvoir. La première a été déposée en 2010 par l’ancien leader parlementaire de Cope, Mvume Dandala. Un autre ancien leader parlementaire du parti d’opposition DA, Lindiwe Mazibuko, avait fait la même chose.

De l’avis de l’analyste politique Somadoda Fikeni, la notion de motion de confiance a été galvaudée puisqu’elle était utilisée plusieurs fois contre l’ancien président Jacob Zuma. «L’ANC savait même dans les pires moments que ses membres ne voteraient pas contre leur président. Ils préfèrent régler leurs affaires entre eux en interne», soutient-il.

L’analyste a, néanmoins, estimé que le rôle de premier plan des personnes qui ne soutiennent pas le président Ramaphosa en raison des intérêts des factions ne devrait pas être sous-estimé.

Un point de vue que partage parfaitement un autre analyste politique Protas Madlala qui a déclaré que la motion de censure ne passera pas, car les députés sont conscients que le pays s’engouffre déjà dans une crise économique profonde.

En attendant le vote, dont le résultat est connu d’avance, pour les raisons déjà expliquées, les Sud-Africains continuent à guetter un véritable changement à même de permettre au pays de Nelson Mandela de transcender une crise économique aigue.


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