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A trois mois des élections, les partis en quête d’un nouveau souffle

Abdellah CHAHBOUN


Premier test de popularité grandeur nature depuis les législatives de 2016, les échéances électorales de 2021 lancent aux partis un double défi organisationnel et de mobilisation. Les formations politiques sont, de ce point de vue, plus que jamais appelés à faire face au déclin de leur rôle d’encadrement et de médiation.

Tout porte à croire que le paysage partisan, aux prises avec des situations internes globalement peu reluisantes conjuguées aux revendications générées par la crise sanitaire, se prête plutôt à une recomposition post-électorale.

Si la majorité actuelle, avec en premier lieu le Parti justice et développement (PJD), aborde le prochain scrutin législatif avec l’ambition de garder la main, bien des analystes considèrent que la dynamique aurait changé de camp.

Sous cet angle, le politologue Mustapha Sehimi se demande que pourrait-elle mettre à son bilan pour s’en servir comme levier et caisse d’amplification pour la prochaine législature.

Le raz-de-marée exclu !

Mon hypothèse, soutient-il, est que “le PJD n’aura pas la même main qu’en 2011 et en 2016”, où il avait fortement surclassé les autres partis. A l’époque, la première formation avait une certaine marge de manœuvre et de négociation quoique celle-ci ait été rabotée et contractée avec le cabinet El Otmani en avril 2017.

Reste à savoir si le parti de la Lampe sera en mesure de diriger l’exécutif pour un troisième mandat jusqu’en 2026. De l’avis de M. Sehimi, un tel scénario reste “fortement improbable” : avec 80 à 85 sièges prévisibles, tout raz-de-marée étant exclu, il ne parviendra pas à former une majorité puisqu’il devra se heurter aux prétentions des partis sondés, surtout le RNI, le PAM et le PI, explique ce chercheur dans une déclaration à la MAP.

Mais au-delà du jeu des alliances et des pronostics post-élections, l’autre enjeu de taille pour les acteurs partisans est bien évidemment la participation électorale. En manque de popularité, les partis disposent pourtant d’une représentation parlementaire qui ne cesse de gagner en compétences et en pouvoir.

Pour l’enseignant-chercheur en sciences politiques, Mhamed Belarbi, les formations politiques devraient être conscientes qu’elles ont une responsabilité historique pour rétablir la confiance des citoyens dans la politique.

C’est légitime, selon lui, de s’interroger sur leur capacité de proposer des alternatives pour l’après-Covid et pour accompagner le lancement du nouveau modèle de développement.

Redistribution des cartes…

A méditer la donne politique actuelle, force est de constater que le spectre du champ partisan est large avec pas moins de 34 formations. En 2011 et en 2016, seuls 12 partis avaient pu remporter des sièges au sein de la Chambre des représentants. Avec la nouvelle loi électorale, analyse ce professeur, on doit s’attendre à une représentation plus élargie des partis par suite des effets du coefficient électoral, qui retient désormais la répartition des sièges sur la base des électeurs inscrits.

En prévision des prochaines échéances, certains partis sont comptables d’un bilan de gestion gouvernementale, l’exemple le plus significatif étant celui du PJD qui dirige le cabinet depuis plus de dix ans.

Mais, au fond, ce qui sera en jeu c’est en particulier la capacité réformatrice des uns et des autres. Les partis “sortants”, estime le chercheur, auront des difficultés à faire des propositions devant soutenir et conforter leur mandat d’ici 2026. Ceux dans l’opposition seront sans doute plus avantagés puisqu’ils invoqueront le passif des composantes de l’actuelle majorité. “Mais pourront-ils être davantage écoutés précisément parce qu’ils défendront d’autres politiques publiques. Tout cela conduira-t-il à leur donner adhésion et attractivité ?”, s’interroge-t-il.

Le PJD est la première formation depuis 2011 avec 1.080.000 voix (27 % et 107 sièges). Celle-ci a amélioré sa position électorale en 2016 avec 1.618.000 voix et un gain de 18 sièges (125).

Le mode de scrutin en vigueur alors l’a sensiblement avantagé. Tel ne sera plus le cas en 2021 où toutes les simulations ne le créditent que de 80-85 sièges au plus, a fait observer M. Sehimi.

Aujourd’hui plus que jamais, les partis politiques sont en devoir de mobiliser de nouvelles compétences et attirer des personnalités crédibles, en mesure de redonner confiance dans la vie politique.

“Toute la difficulté des partis politiques regarde le renouvellement de leurs effectifs. Cela tient à la médiocre attraction des partis pour de nouvelles forces vives : les jeunes, les femmes, les cadres…”, observe M. Sehimi.

Seuls 1% des jeunes sont inscrits dans un parti et 4 % sont membres d’associations, révèle une enquête du Haut-commissariat au Plan sur l’engagement des jeunes dans la vie partisane et associative.

De l’avis de ce professeur, l’acte d’adhésion à un parti ou à une association n’existe pratiquement pas. “Pour autant, il faut préciser que c’est là une défiance envers les partis, pas à l’égard de la politique” comme en témoigne la mobilisation quotidienne sur les réseaux sociaux, explique-t-il.

Il invoque à cet égard les nombreuses campagnes qui ont été lancées dans ce monde numérique. Elles pèsent aussi sur les politiques publiques et deviennent un aiguillon, un interpellateur voire même un censeur qui prend la parole et s’assume, note-t-il.

Cet état de fait ne devrait-il pas être pris en charge par les partis politiques pour élargir leur communication dans cette direction-là, à travers des plateformes interactives.

Faut-il s’étonner, dans ces conditions, qu’il soit difficile pour des “nouveaux visages” de se faire une place. L’illustration la plus éclatante, et par certains aspects la plus caricaturale, a été donnée par les listes nationales des femmes (60) et des jeunes (30) qui viennent d’être supprimées par la nouvelle loi électorale.


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